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vêché, alléguant Ton incapacité, ôc la grandeur de la
charge. Il découvrit même au pape que Ton defTein
etoit d aller travaillér à la converfion des Coumains,
peuple barbare qui habitoit vers l’emboucbure du
Danube. Le pape ne fe rendit point à la priere de l’é-
vêque,& ne voulut pas même lui accorder d’aller prêcher
lesCoumains demeurant évêque: mais il lui
ordonna de retourner à fon églife. En revenant le
prélat voulut v o ir l’abbaïe de Cîteaux, où touché
de l’obfervance qui y étoit encore en vigueur, il prit
1 habit monaftique, 8c emmena quelques moines
pour l’inftruire dans les pratiques de Tordre, ne rongeant
qu'à retourner en Efpagne-
^11 vint à Montpellier & y trouva Arnaud abbé de
Cîteaux, 8c les deux moines du même ordre légats
du pape, Pierre de Caftelnau 8c Raoul : qui dégoûtez
du mauvais fuccês, vouloient renoncer à leur légation,
voyant qu’ils n’avançoicnt rien ouprefque
rien auprès des heretiques. Car quand ils vouloient
les prêcher, ceux-ci leur obje&oient la vie déréglée
desecclcfiaftiques : difant qu’ils dévoient abandonner
la prédication,s’ils ne les vouloient corriger. L ’é-
vêqued'Ofma étant furvenu,ils le reçurent avec,honneur
& lui demandèrent confeil, fçachant quec’étoit
un prélat vertueux,zélé & prudent. Il s’informa des
moeurs de ces heretiques, 8c apprit qu’ils pervertif-
foienc les fimpLes, par un extérieur de modeftie 8c
de faintete, qu ils joignoienra leurs prédications.
Voiant au contrairequeles millionnaires catholiques
avoientdegrands équipages, beaucoup d'habits, de
valets, de chevaux, 8c faifoient grande dépenfe : il
leur dit : Il me paroleimpoifible, mes freres, de ra-
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tnener à la foi ces gens-ci par les paroles feules. Ils
s’autorifent par la frugalité 8c l’aufterité , dont ils
font profeilion: c’eft pourquoi vous avancerez peu
fi vous montrez l’exemple du contraire. Il faut combattre
leur vertu apparente par une vraie pieté, marchant
à pied, fans argent, 8c imitant en tous les apôtres.
Les légats craignant d’être accufez de nouveauté,
n’oibient embrafler d’eux-mêmes cette maniéré de
vie:mais ils dirent,que fi quelque perionne d’autorité
vouloir commencer ils le fuivroient volontiers. L'é-
vêque s’offrit,& auifi- tôt renvoyant fes chevaux,fon
équipage 8c tous fes domeftiquesàOfma, il ne garda
qu’un feul compagnon,fçavoir Domingue ou Dominique
chanoine régulier 8c fous-prieur de fa cathe-
drale:8c déclara aux légats qu’il étoit réfolu à demeurer
d'ans le païs, pour la propagation de la foi ; 8c ils
le reconnurent pour le chef de leur million. L’abbé
Arnaud retourna à Cîteaux , à caufedu chapitre général
qui fe devoit bientôt tenir, 8c après lequel il
vouloit amener avec lui quelques abbez de l’ordre
pour l’aider en cette oeuvre. L’évêque d’Ofma 8c
les deux moinesPiérre 8c Raoul,étant fortis deMont'
pellier vinrent au bourg de Carmain, où ils trouvèrent
un chef des heretiques nommé Baudoüin , 8c
Guillaume chanoine de Nevers , d ’où il avoit été
chaffé cinq ans auparavant, 8t pour n’être pas connu
il fe faifoit nommer Thierri. Les millionnaires ou
prédicateurs catholiques confererent pendant huit
jours avec ces deux heretiques, 8c les rendirent fi
odieux à tout le peuple de Carmain qu’il les auroit
volontiers chalfezians la prote&ion du feigneur.qui':
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