
42.4 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
-----------------Je lui répondis } c’cft le premier envoyé qui parle :
An. i z i j . pere y jc croi qUe vous l’en trouverez digne
quand vous aurez oüi nos raifons. Nous nous retirâmes
ainfi ce jour-là : mais comme nous partions, le
pape nous dit fort gracieufement, qu’il nous enten-
droit volontiers toutes les fois que nous voudrions.
Le mardi fuivant il nous envoya quérir à nôtre logis
par un domeftique ; & après que nous lui eûmes pro-
pofé vos raifons,il en dit beaucoup pour les combattre
, puis fe frappant la poitrine, & pouffant un grand
foupirildit : Helas I l’églife ne peut éviter de rece-,
yoir de la confufion en cette affaire. Si le roi d’A ngleterre
eft vaincu, fa honte retombe fur nous, puif-
que c'eft nôtre vaffal, & nous fortunes tenus de le
défendre : lî Je feigneur Louis eft vaincu , fa perte
eft encore la nôtre : car nous avons toûjours compté
fur l.ui,comme fur nôtre reffourcelaplusaffurée dans
les befoins de l’églife Romaine. A la fin il ajoûta
qu’il aimeroifmieux mourir , qu’il vous arrivât quelque
mal en cette occafion. Par le confeil de quelques
cardinaux nous attendons le jour del’Afcenfion , de
peur qu’il n’y ait quelque décret çontrevousscarc’eft
en ce jour que le pape a coutume de renouveller fes
fentences. Et il nous avoit d it, qu’il attendroit les
nouvelles du feigneur Galon,
Ce que ces envoïez propoferent au pape contre
le roi Jean , étoit en fubftance : Premièrement le
meurtre d’A rtu s, pour lequel il ayoit été condamné
à m ort dans la cour du roi de France, A quoi le pape
répondit, que les barons de France n’avoient pû
condamner à mort un roi , qui par fa dignité leur
£toit fu p erieu ro u tre qu’ij étoit contre les loix Sç
L i v r e s o i x a n t e - d i x - s E é t i e ’me, 42. j
les canons de le condamner fans l’entendre. Mais les
envoïez ne manquèrent pas de répliqué, & ils fou-
tenoient que par la condamnation du roi Jean fes
enfans étoient exclus de la couronne. Le pape conteff
toit auifi au prince Louis le droit qu’il prétendoit du
chef de fa femme ; & infiftoit fur ce que le roïaume
d’Angleterre appartenoit à l’églife Romaine, & qu’il
en étoit en poffeftion en vertu du ferment de fidélité
qui lui avoit été prêté , & du cens qu’il avoit reçu.
A quoi il ajoûtoit : Je n’ai fait aucune faute pour laquelle
le prince Louis doive me dépoüillet du roïau-
me d’Angleterre : vû même que le roi d’Angleterre
a plufieurs terres dans la mouvance du roi de France
fur lefquelles fon fils fe peut venger. Les envoïez répondirent
: Avant que le roïaume fût au pape, la
guerre étoit ouverte contre le roi Jean pour les torts
qu’il avoit faits au prince en ces terres particulières1.
Le pape dit : Le prince devoit s’adreffer à m oi, pour
ayoir juftice du roi mon vaffal. Les envoïez répondirent
: C’eft la coutume, que quand un vaffal fait la
guerre de fon autorité, celui qui eft attaqué peut la
faire de m êm e, fans être obligé de fe plaindre au
feigneur de l’autre. Le pape dit : Il a été ordonné
dans le concile général, que tous ceux qui font en
différend, feront paix ou trêve pour quatre an s,
en confideration du fecours de la terre-faïnte. Les
envoïez répondirent : Quand le prince eft forti de
France j on ne lui a demandé ni paix ni trêve, &nous
ne croïons pas que le roi Jean eût voulu l’accepter.
Le pape : Il eft croifé, & comme tel il eft avec tous
fes biens fous la protection del’églife fuivant l'ordonnance
du concile. Les envoïez : Avant que d’avoir
Tome X V I . H h h
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