
A n. i i^8.
XII.
Foulques de
Neüilli.
ï . ep. 336.
ï . ep, 3* S.
Ville-hard avec
les obfer. de Du -
cange- J a c . Vi-
'tri. hift. Occid.
c. 6- 8. Robert.
^utif. p- 95-
i g H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
pourexecuter ailleurs plus commodément l’ordreda
pipe. En effet peu de jours après il tint un concile
particulier à Vienne en Daufinéqui étoit alors terre
de l’empire, il y affembla plufieurs archevêques,
entre lefquels il y en avoit du royaume de
France ; 8e en leur prefence il publia l’interdit fur
toutes les terres à l’obéïffance du ro i, avec ordre;
à tous les prélats de l'obferver fous peine de fuf-
penfe.
L’article de fa légation fur lequel Pierre de Ca-
poüe réüifit le mieux, fut celui de la croifade. Auiïv
le pape innocent l’avoit-il fort à coeur, comme on.
voit par les lettres qu’il écrivit fur cefujet ¡entre-
autres par celle qu’il adreffa à Foulques de Neüilli,,
en datte du cinquième de Novembre 1198. Foulques
étoit curé de Neüilli fur Marne, entre Paris
8e Lagni, homme de grand zele, mais fimple & peu
lettré. L’ignorance l’avoit d’abord conduit à mener
une vie dereglée ôc feandaleufe. Mais Dieu l’ayant
touché, il s’appliqua à gouverner fa paroiffe avec
grand foin , ôc commença à prêcher aux environs r
exhortant le peuple au mépris des choies de ce
monde. Il reprenoit les pecheurs d’un ton Tevere
: attaquant principalement les femmes débauchées
ôc les ufuriers, dont le nombre étoit ex-
ceifif dans ces provinces. Foulques difoit la vérité
nuëment ôc fans épargner perfonne : ce qui lui attira
du commencement de la contradiétion 8c du
mépris, enforte qu’il fut deux ans fans faire grand
fupit.
Connoiffant que la fcience lui manquoit, il
alloit à Paris dans les écoles de théologie, écouter
L i v r e s o-i x a n t e -q u i n z i e’ m e . 29
les doéteurs, ôc, écrivoit iur fes tablettes quelques
paffages de l’écriture ôc quelques maximes de morale
; puis il en faifoit Ion profit, pour prêcher le
Dimanche dans ion égliie, ce qu’il avoit appris
pendant la femaine. Pierre de Chantre, dont il
alloit fouvent prendre les leçons, admirant la ferveur
de ce bon prêtre, l’engagea une fois à prêcher
à Paris dans faint’ Severin en fa prefence 8c de
plufieurs étudians. Dieu lui donna tant degrace,
que fon maître 8c les autres auditeurs, diioient
que le faint Efprit parloit par fa bouche; ôc depuis
ce tems, les doéteurs 8c leurs diiciples s’in-
vitoient l’un l’autre à aller entendre fes fermons
tout fimples 8c groifiers qu’ils écoient. Ceux des
fçavans de ce tems-là, écoient pleins dedivifions
ôc iub.divifions, de lieux communs, d’allegories
ôc d’allufions aux paroles de l’écriture; mais au
fonds il y avoir peu de raifonnement ni de mouvement.
Ori peut voir entre-autres les fermons
de Pierre de Celles, de Pierre de Blois 8e d’Etien-
ne de Tournai.
Un jour donc, comme Foulques prêchoit à Paris
dans la place de Champeaux , c’eft-a-dire,aux
Halles, devant une grande multitude de Clergé
ôc de peuple ; il parla avec tant de force, que
plufieurs touchez de componétion, fe proilerne-
rent à fes pieds tenant des verges ou des couroïes,
nuds pieds 8c en chemiie, confeffant publiquement
leurs péchés, Se fe mettant entièrement a
fa diferetion. Foulques rendant grâces à Dieu,
les erïibraffoit, 8c leur donnoit les confeils convenables
; entre-autres aux ufuriers 8c aux paillards,
D iij
AN.1198.