
A n. 1105»
X L V.
Croifade contre
les Albigeois.
H ijî,Alt. c. 15 ,
c. 14,
c. i j .
c. 16.
Guill. Neubr.
lib. t . C. i l .
V. Catel. Lang.
/>. 619.
’ H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
En fui te le comte de Touloufe pour fe mieux garantir
des croifez qu’il craignoit terriblement, pria le
légat de lui donner lacroix à lui-même : ce qu’il obtint
, & deux de fes chevaliers feulement fe croiferenc
avec luy. Puis Milon 8c Theodiie retournèrent vers
Lion pour aller au-devant des croifez, qui s’y affem-
blerent de tous les quarciersde la France vers la S, Jean
de cette année 1109. A leur tête étoienc Pierre archevêque
de Sens, Gautier évêque d’Autun, Robert é-
vêque de Clermonc 8c Guillaume évêque de Nevers:
des feigneurs laïques, Eudes III. duc de Bourgogne.,
le comte de Nevers, le comte de S. Paul, Simon comte
de Montfort 8c plufieurs autres.Le comte deTou-
loufe alla lui-même au-devant d’eux jufques à Valence,
près de laquelle il les rencontra 8c leur promit de
faire tout ce qu’ils voudroientoffrant fon fils enof-
tage outre les places de fûrete qu’il avoit données. Ils
reçurent le comte ôc marchant tous enfemble, ils vinrent
à Beziers.
Les habitans cette ville étoient non-feulement
heretiqùes,mais voleurs 8c chargezde toutes fortêsde
crimes.Quarante-deux ans auparavant ils avoient tué
dans l’églife delaMadelaineRaimondTrincavelleur
vicomte, 8c brifé les dencs à l’évêque qui les en vouloir
empêcher.L’arméedes croifez étant arrivée devant
Beziers y envoya Renaud de Montpellier qui
étoit alors leur évêque, homme vénérable par fon
âge, fa vertu 8c fa doétrine g pour ordonner aux catholiques
, s’il en avo it, de leur livrer les hérétiques
que l’évêque leur nommeroit ôc dont il avoir
fait-la lifte : finon qu’ils fortilfent de la ville pour
ne pas périr avec les hérétiques, Les habitans de
Beziers
L i v r e S p i x a n t e - se i z .i e ’m e . 257
Beziers mepriferent cette fommation, au contraire
quelques-uns d’eqtre euxfortirent fie la ville,8c avant
que d’être attaquez commencèrent à tirer vigou-
reufement des fléchés fur les^croifez. Dequoi les valets
de l’armée étant fndignez, ils sjaprocherent
des murailles; 8c fans,ordre de la nobleffe mèmeà
leur infçû, ils prirent la ville d’emblée, ils firent
maimbafle fur tous les habitons , 8c mirent .le feu
à la ville. Ç’étoit le .jpur de.fainte Madelainevingt-
deuxiéme"de Ju ille t, ôc dans l’égUfe qui lui étoit dédiée
on tua juiqu.es à fept mille perfonnes , qui s’y
étoient réfugiées. Ces deux circopftances furent remarquées
comme des punitions divines: tantàçau-
fe des blafphêmes que les heretiqùes diioient contre
cette fainte, que du meurtre de leur vicomte
qu’ils avoient commis dans fon églife.
Les croifez marchèrent enfuiteàCarcafTone, dont
ils prirent premièrement un fauxbourg; , 8c pendant
.cette attaque les évêques,les ab.bez &c tçutle clergé
.affemblé chantoit avec gratrde dévotion Vent Janéle
Spiritus.Les croifez euffentpû prendre la ville de force;
qiais ils confidererent, que s’ils la ruïnoient comme
Beziers, tous les biens qui étoient dedans feroient
confirmez;, 8c que celui qu’on établiroit feigneur du
p a y s , n’auroit de quoi entretenir des troupes pour
Je conferver , ni.de quoi fubfifter lui-même. Les habitans
de Çarçaftbne furent donc reçûsàçompofition,
mais à la charge de, tout abandonner, 8c de fortir
nuds en phemife : ce, qui fut çxeçuté à la fête de
l’Aflomption quinzième d’Apût 1109.
Enfuite lesbaron? croifez tinrent confeil pourvoir
à qui ils donneraient la ieigneurie de leurs conquê-
TomeXVÏ. " WÊBÊÊ
An. 1109.
Chr. Simon.
Cotn. Ducbefhe.
to. $.f.
tiiji. Alb. c. 6V
XLVI.
Simon de Mon-
fort chef des
croifés. C» 1.7»