
A n iz z8 faT'kurs.iiabits des.clefs., fymbole idc laipuiffance de
lEgliiè. Enfuite lepape voyant que Rainald ne w dé-
fift oit point de fon entreprife,, refolut de faire diver-
iion & d’enrrer dans les terres de l’empereur. Ayant
donc .aiTemblé une autre armée de Campante & de
la côte maritime , il l’envoya fous la conduite de
Pandolfe d’Anagni fon chapelain en quâliié de le-
giat, •& .pour capitaines les comtés Thomas dcGèla-
no Roger d’Àquila chaffez :du toi'aume. 'Cette ax-
-mée entra dans les terres.du roiaum.c au mois de Janvier
de l’année fuivante.iiiR .
T*rïs\^“ ,thi‘u Thomas d’Aquin comte d’Acerra que l’empereur
■avoit laiffé avec les autres pour gouverner le roïau-
¡me de Sicile en fon abfence , lui écrivit ain£ï en S.y-
xft au fujet de cette guerre. Après votre .départ le
paperGregoir-e aïant aiTemblé une nombreufe armée
p ar le moyen-de Jean de Briene jadis roi de* Jerufa-
îem & de quelques autres braves gens à qui il en a
donné le commandement , eft .entré .fur vos terres;
*& contre la loi Chrétienne axefolu de vous vaincre
par le glaive matériel -, ne p o uv an t, dit-il ,1e faire
par lé glaive fpirituel. -Car Jean de.Briene ayant rama
de des troupes confiderables;d:e:France,&,des pars
Voifins, les entretient de l’argent du pape, dans Tef-
-pérance de parvenir à l’empire, s’il peut vous fou-
mettre ; & iî Ton parle d’empereur , il .dit .qu’il.n’y
en a point dautre que lui. En cette guerre lesxroupes
du pape brûlent les- villages ¿enlèvent le bétail ¿prenn
en t des prifonniers, qu’ils obligent à force de tour-
mens à fe racheter chèrement, fans épargner les femmes,,
ni refpeéter que les églifes & les cimetières. Ils
prennent les châteaux & les bourgades , fans confi-
L l V R E S O I X A N T E D I X N E U ' V I e ’m E. 6 / l
derer que vous êtes au fervice de J. C. Vos amis &
principalement le clergé de l’empire , admirent en
quelle confidence un pape peut tenir cette conduite ,
& faire laguerreà desChrétiens. Vûprincipalement
que lorfque S. Pierre voulut frapper dujglaive matériel
,N . S. lui dit de le remettre au fourreau , & que
quiconque frappera duglaivepérira par le glaive. Ils
s’étonnent encore comment celui qui excommunie
prefqué tous les jours les voleurs , les incendiaires
& ceux qui tourmentent les C hrétiens, peutautori-
fer ces violences. Pourvoyez donc, je vous prie , à
votre fûreté & à votre honneur : car Jean de Briene
a mis des gardes à tous les ports de deçà , afin que fi
vous reveniez fans précaution, il vous fît prifonnier,
ce qu’à Dieu ne plaife.
Le pape de fon côté faifoit de grandes plaintes
contre le même Thomas comte d’A cerra, comme
on voit dans une Tertre qu’il écrivit au cardinal R omain
légat en France, en datte du cinquième d’Août
I Z 2.8 . L’empereur, dit-il, fe fert des Sarafins pour
ruiner les maifons des Hofpitaliers & des Templiers,
qui ont jufques ici coniervé les reftes de la terre-fain-
te. C ’eft-a-dire que l’empereur ou fes lieutenans per-
mettoien.t'aux Sarafins de Sicile , de piller les terres
de ces chevaliers fituées dans le royaume. Là lettre
continue : Les Templiers ayant recouvré le butin
que les Sarafins leur avoient enlevé jufques à la valeur
de fix mille marcs d’argent : Thomas comte
d’Acerra à leur retour le leur a ôté par violence &
Ta rendu aux Sarafins ; parce que les Templiers fui-
vantles ftatuts de leur o rd re, n’ofoient employer
leurs armes contre les Chrétiens. Thomas perfecutant
N n n n ij
A n .
Matth.
Ap.
IilH.to
p. 3IJ.