
An.I2.o7»
XXXII.
Etienne de
Langton archevêque
de Can-
torberi.
Matth. Par if,
cod an»
Matth, Veflm.
eod.
Sup, n. ai*
Idem. & Gefi.
Inn, n, i j r.
13 0 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
precre du titre de fainte Croix qu’il envoya en Allemagne
en qualité de Tes légats.
Le pape avoit envoyé légat en Angleterre Jean,
de Ferentino qui y vint 1
an 12.06. 8c l’ayant parcou-
ruë, amaifa une grande fomme d’argent. Enfin pour
paroitre avoir fait quelque chofe,il célébra un concile
à Redingue abbaïe fameufe le lendemain de la
faint Luc , c’eft-à-dire le dix-neuviéme d’Oétobre,
puis il fe retira avec fon trefor. Peu de tems après
le pape décida le différend entre les moines de Cantorberi
8c les évêques fuffragans touchant l’éle&ion
de 1 archeveque.il déclara que les évêques n’y avoient
aucun droit, leur impofant a cet égard un perpétuel
filence , 8c ordonna que les moines éliroient l’arche-
veque fans eux. La fencence eft du vingt-uniéme de
Décembre ixotf. L annee fuivante 4107. les moines
de Cantorberi plaidèrent devant le pape les uns contre
les autres touchant les deux eleétionsqu’ils avoient
faites pour le fiege archiepiicopal, les uns de leur
fous-prieur, les autres de 1
évêque de Norvic. On
foutenoit que l’éle&ion du fous-prieur étoit nulle,
parce quelle avoit été faite par le moindre nombre
en cachette 8c fans le confentement du roi. On ré-
pondoitque quand elle auroit été mauvaife,il falloir
attendre qu elle fut caifee pour procéder à une
nouvelle élection : d'où l’on concluoit que celle de
l’évêque de Norvic étoit certainement nulle. Après
de longues difputes le pape cafta toutes les deux élections
: rejettant avec indignation les prefens qu’on lui
offroit, Sc qui alloient, difoit-on , à onze mille marcs
d’argent.
Le roi Jean avoit envoyé à Ces dépens douze moi-
L i v r e s o i x a n t e - s e i z 1 e ' m b . 2.31
nés, dont le chef étoit le doébeur Elie deBrand-field *
à qui il avoit promis d’accepter celui qu’ils éliroient,
8c ils lui avoient donné parole d’élire l’évêque de
Norvic. Mais le pape ayant cafTéles deux élevions,
fit dire par les cardinaux à ces moines Seaux autres
députez, Scieur dit lui-même, qu’ils pouvoient élire
qui ils voudroient, pourvu que ce fût un Anglois
Sc un bon fujet ; Se leur propofa Eftienne de Langton.
C ’étoit un homme de mérité, qui après avoir étudié
long-tems àParis y avoit été fait doéteur en théologie,
chanoine de la cathédrale 8c chancelier de l’univer-
fité; 8c le pape l’ayant attiré à Rome, l’avoit fait
cardinal prêtre du titre de S. Chryfogone. Le pape
l’ayant donc propofé pour être élu archevêque de
Cantorberi, les moines répondirent qu’ils ne pouvoient
faire d’éleèfcion canonique fans le confentement
du roi 8c de leur communauté. Mais le pape leur
coupant la parole: dit: Sçachez que vous avez plein
pouvoir dans l’églife de Cantorberi, 8c qu’on n’a
point accoutumé d’attendre le confentementdesprin-
ces, pour les éleèfions qui fe font devant le S. fiége.
C ’eft pourquoi nous vous ordonnons en vertu d’o-
béïffance 8c fous peine d’excommunication,d’élire celui
que nous vous donnons. Les moines intimidez
donnèrent le confentement à regret Sc en murmurant,
il n’y eutquele doéteur EliedeBrand-fieldquirefif-
ta : tous les autres chantant le TeDeum, portèrent à
l’autel Eftienne de Langton, Sc le pape lefacradefa
main à Viterbe le dix-feptiéme de Juin.
C ’eftainfi que les Anglois content la chofe:mais
l’auteur des geftes du pape Innocent, dit que prévoyant
que les deux premières élections feroienteaf-
An. 1107.
G. ff. I j l .