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toutefois fe repentit, & alla à Rome avec fes complices
demander l’abfolution de fon crime ; mais le pape
Honorius pour leur en faire fentir l’énormité, les
laiffa long-temps devant la porte c!e fon palais nuds
pieds & en chemife, fans écouter leurs cris & fans regarder
leurs larmes. Enfin pour ne .les pas jetter dans
le defefpoir , comme ils offroient toute forte defatif-
faétion, il leur donna l’abfolution en promettant par
ferment d’accomplir la penitence fuivante.
Ceux qui fe font affemblez pour dreffer l'embuf»
cadeà l’évêque, fans fçavoir qu’on voulût le tuer ,
ni avoir procuré fa mort, remettront incefiamment
à l’églife du Pui ce qu’ils en tiennent en fie f, fans
jamais pouvoir le repeter, ni intenter aucune aétion
pour ce fujet. De plus ils paiferont une quarantaine
dans la ville du Pui, s’ils peuvent y être en sûreté ,
mandiant de porte en porte couverts de facs ou de
çilices, les cheveux coupez & jeûnant au pain & à
l’eau deux fois Ja femaine. Que s’ils ne peuvent être
en sûreté au Pui, ils feront leur quarantaine dans
quelqu’une des villes voifines. Après l’avoir faite ils
paiferonfà la terre-fainte pour y fervir pendant deu?
ans ; & tout le refte de leur vie ils jeûneront les vendredis
au pain & à l’eau,
Quant à Bertrand auteur du crime, après avoir?
remis à l’églife du Pui ce qu’il en peut tenir en fief,
il renoncera à porter jamais les armes contre aucun
Chrétien, & fera trois quarantaines au Pui ou ailleurs
s’il n’y peut être en sûreté, revêtu d’un fac &
couvert de cendres, les cheveux coupez & nuds pieds,
mandiant de porte en porte , & jeûnant au pain & à
l’eau trois fois la femaine. Tous les dimanches de ces
SLi v r e s o i x a n t e -d i x - h ü i t ' i e ’m e . 5 0 7
trois quarantaines il fe prefentera au#clergé & au ~T~ '
1 1 1 11 j peuple de la ville nud , ôs c dj es verge. sT a . l a mca i• n pour A n . r i z © ,
en être fuitigé. Enfuite il paffera la mer pour faire
fept ans le fer vice de la terre-fainte, &i à fon retour
il fe prefentera au pape avec des lettres du patriarche
& des autres perfonnes d’autorité , qui rendront témoignage
-de fa conduite pendant ces fept années.-
Toute fa vie il fera deux quarantaines par an, & jeûnera
au pain &c à l’eau les vendredis & les vigiles. Il
s?abftiendra fept ans de la communion du corps 5c
du fang de Notre-Seigneur. Que fi après avoir fait
trois quarantaines il paife dans l’ordre des Chartreux
ou de Cîteaux, il fera quitte du refte de fa penitence.
C ’cft ce que contient la lettre du pape en datte du ivï t p i f l . n i > :
dixième de Juillet ixxo. adreffée aux évêques de Vi- R‘”" '*’
viers & des Trois Châteaux, pour faire executer cette
penitence , même par cenfures ecclefiaftiques. Or
cet exemple eft remarquable pour montrer combien
les penitences de ce temps-là étoient différentes de
celles des premiers fiecles.
Cependant Jacques de Vitri évêque d’Acre qui xxxvrir;-
c/ toi. t an D^ i. mi.e te , é/ crivi- t au pape Ht t onon* üs; une 1l et- E ta t dés croiièz^ e n -o rie n t;
tre dattée de l’odrave de Pâques, laquelle cette année
i î x x o . étoit le cinquième d’Avril, où i l dit : Depuis la
prife de Damiete plufieurs des nôtres abufant de
îâ profperité, ont attiré la colete de Dieu par leurs
crimes : principalement par les fraudes commifes
dans le butin fait fur les infidèles, qui de voit être rapporté
en commun ; & ils ont confirmé ce bien.mal
acquis , au jeu , en excès de bouche & en débauches
avec des femmes perdues. Ils étoient médifuis , fé-
ditieux & traîtres, empêchant maheieufement le-
S f f i j