66 H i s t o i r e E c o l e s i a s t i q j j e .
Le pape ajoûte : voulant deferer à la priere de#
croifez touchant l’interdit porté lur la France, fans
toutefois affbiblir la difcipline ecclefiaftique : nous
vous mandons que fi quelqu’un d’eux veulentoüir
les divins offices , vous les faffiezcelebrer pour eux
à voix baffe, fans fonncr les cloches, 8c fans y
admettre ceux qui ne feront pas croifez. Il recommande
enfuite aux croifez la frugalité des tables &
la modeftie des habits. Il ordonne aux évêques de
deffendre les tournois, au moins pour cinq ans,
fous peine d’excommunication & d’interdit. Enfin
il nomme pour exécuteurs de cette bulle les évêques
de Paris 8c de Solfions, 8clesabbez de Vaux-
Sernay 8c de S. Viéfor.
L’interdit dura huit mois en France,avec telle
rigueur que les églifes étoient fermees 8c les corps
morts demeuroient fur terre fans fepulture : mais il
ne fut pas d’abord obfervé par tout. Les chanoines
de Sens obéirent , auffi-bien que les évêques de Paris.,
de Senlis, de Soiflons, d’Amiens,-d Arras 8s
quelques autres. Quelques-unsdiffererent,comme
l’archevêque de Reims, oncle du roi, les évêques de
Laon , de Noïon, de Beauvais, de Teroüane, de
Meaux, de Chartres, d’Orleans, d’Auxerre 8c quelque
peu d’autres. Tous ces prélats envoïerent au
pape des députez chargez deleurs exeufes,promettant
d’obferver l’interdit fi le pape après les avoir
oins, le jugeoit à propos. Le pape réfuta 8crejetta
leurs exeufes, leur enjoignant de garder l’interdit
comme les autres; 8c ils obéirent :enforte que l’interdit
s’étendit par toute la France.
Ge fût laraifon pour laquelle le roi Philippe ma-
L rVR E SOXXANTE-QUINZIE me: é7 ^ . li00i
riant fon fils Loüis, fut obligé de faire celebrer le
mariage fur les terres du roi d'Angleterre entre Yer-
non 8c Andeli. Ce mariage fut la fuite d'un traité de
paix entre les deux rois: Loiiis epoufa Blanche niece
du roi d’ Angleterre Je an , 8c fille de fa foeur Eleonor
8c d’Alfonfe VIII. roi deCaftille ; 8c ce fût Elie archevêque
de Bourdeaux qui leur donna la bene-
diétion nupcialelemardi vingt-troifieme de May
1 2 . 0 0 . • • / 1 R ig o r d . p . 4 5 . Or le roi Philippe fur tellement irrite de ce que
ces évêques s’étoient fournis a 1
interdit, qu il les
chafla de leurs fieges : il bannit de fes terres leurs
chanoines 8c leurs clercs, 8c confifqua leurs biens :
il prit de même les biens des curez 8c les chaffa de
leurs paroifies. Enfin il renferma la reine Ingc-
burge dans le chafteau d’Eftampes. Touche néanmoins
des clameurs de tout fon peuple, il envoya In”- i
au pape des clercs 8c des chevaliers, fe plaignant
beaucoup du légat Pierre de Capoüe, & promettant
de jurer par fes envoyez de fe foumettre a
juftice devant d’autres légats ou des juges déléguez.
Le pape répondit, qu’il falloit diftinguer s’ il vouloir
fe foumettre à ce que la juftice avoir deja prononcé,
ouà ce qu’elle prononceroit : qu’au premier
cas, fi le roi en exécution de la fentence au pape
cloignoit de lui Agnès 8c reprenoit Ingeburge : le
pape recevroit volontiers fa caution juratoire , 8c
même fans cette précaution leveroit l’interdit ; pour
vû que les évêques 8c les clercs fpoliez fuffent pleinement
rétablis ; mais fi le roi ne vouloit fe foumettre
à juftice que pour le jugement futur, le
pape recevroit fa caution juratoire, pourvu qu’il