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Confirmation de
la réglé des freres
Mineurs.
Vit a perS.Botiç
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;$% H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
les hérétiques attaquer iniblemment la religion dans
l’Albigeois quieft de l’étenduë de votre roïaume ; Ô£
s’il eft de votre devoir de pourfuivre les voleurs ; à
plus forte raifon de purger votre état de ceux qui
veulent ravir les ames. Or nous voïonsavec douleur,
que les efforts que l’on a fait jufques ici pour détruire
cette héréfie, font devenus prefque inutiles, quelle
s’étend de plus en plu s ;& qu’il eft à craindre qu’elle
n’infeite votre roïaume fondé & affermi dans la foi
plus que les autres, par une benedidtion particulière
de Dieu ; & qu’ainii la principale partie étant ébranlée,
une nouvelle perfecution s’excite contre I’églife
entiere. C’cft pourquoi nous vous exhortons & vous
conjurons par Notre-Seigneur , comme prince catholique
& fucceffeur des princes catholiques, d’offrir
à Dieu les prémices de votre regne, embraffant
en cette occafion la caufe de Jefus Chrift., & de vous
affurer du fecours non feulement fpirituel, mais temporel
de leglife Romaine. Au refte comme nous
avons appris qu’ Amauri comte de Touloufe vous offre
tout le droit qu’il a en ce païs-là, pour le joindre à
votre domaine ; nous vous prions de l’accepter, pour
en joiiir & le tranfmettre à vos fucceffeurs. Car vous
devez fçavoir, que nous avons excommunié il y a
long temps Raimond comte de Touloufe & fon fils,
qui nonobftant nos avertiffemens, perfeverent opiniâtrement
dans leur malice. Il femble que le pape
Honorius ne fçut pas encore la mort de Raimond le
vieux.
Vers le même temps il confirma autentiquement
la réglé des freres Mineurs par fa bulle du vingt-
neuvième de Noyembre 1 1 1 3 . la huitième année de
fon
L I V R E S O I X A N T E i D r X - H U I T l E ’ME . S S 3
fan pontificat. Saint François voïant la grande éten- V
due de fon ordre,crut devoir faire autorifer plus fo- N‘ I 1Z Î '
lemnellement par Honorius fa maniéré de vivre ,
qu’innocent n’avoit approuvée que de vive voix.
Comme il y penfoit il eut pendant la nuit cette révélation.
Il lui fembloit avoir ramaffé a terre de très-
petites miettes de pain, pour les diftribuer à plufieurs
freres affamez qui étoient autour de lui. Et comme
il craignoit que ces miettes fi menues ne s echapaf-
fent entre fes mains , une voix lui dit d’enhaut :
François, fais une hoftie de toutes ces miettes, & en
donne à ceux qui en voudront manger. Il le f it , ôc
tous ceux qui ne recevoient pas devotement leur part,
ou la méprifoient enfuite , paroiffoient infe&ez de
la lepre. Le matin il raconta aux freres cette vifion,
affligé de n’en pas comprendre le tnyftere ; & le jour
fuivant comme il prioit, une voix venue du ciel lui
dit : François,les miettes de la nuit paffée font les paroles
de l’évangile , l’hoftie eft la réglé, la lèpre l’iniquité.
Voulant donc réduire fa réglé en une forme plus
abrégée , il monta avec deux compagnons fur une
montagne, ou jeûnant au pain &c à l’eau,il fit écrire
la réglé félon que l’efprit de Dieu lui didioit dans la
priere. En defcendant de la montagne il la donna à
garder à frcre Elie fon vicaire, qui peu de jours après
dit qu’xl l’avoit perdue par négligence: François retourna
donc à la folitude & refit auifi-rôt la réglé ,
comme fi Dieu Ja lui eût didtçe de fa bouche. C’eft
celle qu’il fit confirmer par Je pape Honorius ; & pour
exciter plus vivement fes freres à l’obferver, il difoic
qu’il n’y avoit rien mis .de lui-memç, mais qu’il avait
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