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LX.
JLouis paffe ¡en
Angleterre.
Gu i IL A rm o r.
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411 H i s t o i r e E c c l î s i a s t i c i o e.
n’étant pas content de ces raifons, défendit fous peine
d’excommunication à Loüis d’entrer en Angle-
cerne } & au roi fon perc de le permettre. Le prince
reprefenta au roi qu’il n ’étoit point fon fujet pour le
roiaume d'Angleterre, & le pria de ne le pas empêcher
de pourfuivre fon droit : après quoi il fe retira.
Le légat voulant paifer en Angleterre , pria le
roi de lui donner fauf-conduit jufques à la mer. Le
roi le lui promit fur fes terres , mais non fur celles
de fon fils , & le légat fe retira de fa cour mal fa-
tisfaic.
Loüis pria inftamment le roi fon pere de ne point
s’oppofèr à fon voïage , lui reprefentant qu’il avoir
juré aux barons d’Angleterre d’aller à leur fecours,
& qu’il aimoit mieux être excommunié pour un
temps par le pape , que manquer à fon ferment. Le
roi prévoyant les eonfequences, ne voulut pas donner
un çonfentement déclaré à cette entrepriiè ; il fe
contenta de la permettre , & congédia fon fils en lui
donnant fa benediéHon. Le pape ne laiifa pas de foup-
çonner que le roi favorifoit fon fils en cette entre-
prife ; & il écrivit à l’archevgque de Sens & àfesfuf-
fragans des lettres où il marquoit que le roi étoit
excommunié-. Ç ’eft pourquoi tous les grands du
roïaume affemblésen concile à Melun, procefterent
qu’ils ne tiendraient point le roi pour excommunié
à ce fujet, s’ils n’étoient plus aifurés de là volonté du
pape. Loiiis envoya des députés à Rome , pour fou-
tenir devant le pape le droit qu’il prétendoit avoir
à la couronne d’Angleterre -, &c cependant il fe preifa
de partir pour arriver avant le légat. Il s’embarqua
| Calais avec fçs troupes, & aborda en Angleterre
L i v r e so i x a u t e d i x -s è p t i e ’ m-e . 41 3
le vingt-unième de Mai. I l fût reçu, à Londres avec ~7 ~ "
une grande joïedes fèigneurs, & fit fon chancelier le
doéteur Simon de Langton frere de l’archevêque de
Cantorberi : qui par. fes prédications .perfuada tant
aux bourgeois de.Londres, qu’aux baronsdefaire célébrer
Poffice-divin, nonobftanc lesvcenfiires, &:y fit
eonfentir le prince Loüis.
Ledégat Galon aïant des avis certains quece prin-
ce s?étoit déjà fait reconnoître dans une grande panne
de l'Angleterre, y paiTa auffi & vint à Gloccfteï
trouver le roi'Jean , qui le reçût:comme celui en qui
il mettoit'toute fon efperance. Le légat aïa-ntaifemblé
ce qu’il pût d’évêques, d’abbez. 8i de clercs, excommunia
le-prince: Loüis avec tousdès. complices &-fes
fauteurs, particulièrement Simon de Langton" > 83
cette excommunication fut: publiée au. fon dés cloches,
les cierges allumez : avec ordre aux évêques de
la faire publier tous.les dimanches par toute l’Angleterre.
Mais Simon de Langton & Gervais de Hobru-
ge chantre de S. Paul de Londres, avec quelques autres
, dirent qu’ils avoient appelle pour la conferva-
tion des droits du prince , 8 i tinrent pour nulle la
fentence du légat.
Cependant le prince Loüis: reçût une lettre des
envoïez qu’il avoir à Rome où ils difôietït : N w î
fommes arrivez auprès du pape le dimanche: de-Pâ-
ques. J'entens le dimanche des Rameaux qui étoit le
troifiéme d’Avril. Le même- jour nous entrâmes
chez le pape que nous trouvâmes’gai,-mais il nous
montra un vifage trifte. Nous lui préfentâmes vos
lettres, & le faluâmes de vôtre part:, à quoi il répondit
1 Vôtre maître n’eft pas digne de nôtre falut;