
An. i z o i .
x L 11.
Enfans legiti-
r i c z par le pape.
Su]>. n. 14.
Append. epifi.
Innoc. 1 11.fr . i ; 684.
100 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
Agnès de Meranie laiffa en mourant deux enfans,
quelleavoit eus du roi Philippe Augufte, nommez
Philippe 8c Marie. Le roi craignant que leur état
ne fut contefté s’adreffa au pape pour les faire légitimer:
ce que le pape lui accorda par une bulle du
fécond jour de Novembre 110 1. où il dit: Le S. fiege
a quelquefois difpenfé des enfans illégitimes, même
adultérins, quant aux effets fpirituels, en permettant
leur promotion même à l’épifeopat. Donc comme
il faut une plus grande capacité pour le fpirituel
que pour le temporel, on fie doit pas douter que le
faint fiege ne puiife légitimer pour les effets civils ^
principalement à la priere de ceux qui ne reconnoif-
fent point entre les hommes d’autre fuperieur que
le pape. Il rapporte enfuite les motifs qui lui avoient
éré reprefentez de la part du roi,entre-autres la bonne
foi dans laquelle il prétendoit avoir époufê
Agnès : après avoir été féparc d’Ingeburge par la
fentence de l'archevêque de Reims, qu’il croyoit
valable.
Cette bulle étoit adreffée aux évêques de France
pour la faire exécuter j & on trouve jufques à quatorze
lettres des évêques qui la reçoivent, 8c mena-
cent d’excommunication ceux qui oferoient y contrevenir,
reconnoiffant lesdeux enfans pour légitimés.
Ces prélats font Pierre archevêque de Sens,
Eude évêque de Paris, Garnier de Troïes, Anfeau
de Meaux , Guillaume de Nevers, Hugues d'Or-
leans 8 t Hugues d’Auxerre: S. Guillaume archevêque
de Bourges 8 c Robert évêque de Clermont,
Toutes ces lettres font du mois de Janvier 1 ¿oi.c’eft-
à direfuivant nôtre ftile 1102. Cinq autres évêques
L i v r e s o i . x a n t e - q u i n z i e m e . i o i ^N .ito t.
ne donnèrent les leur quehuit ans après en iio.i.lça-
voir Robert évêque de Laon, Philippe de Beauvais,
E t ie n n e deNoion, Lambert de Teroüane Sc Ainjar
de Soi fions.
Quelque tems après Guillaume feigneur de Montpellier
fit demander au pape Innocent par l’archevêque
d’Arles,de légitimer auffi les enfans bâtards qu’il
a v o it, alléguant pour exemple la grâce que le pape
venoit de faire en pareil cas au roi Philippe. Mais le
pape en fa réponfe en fit voir la différence. Car dit-
il le roi avoit été féparé de la reine Ingeburge par l’archevêque
de Reims légat du S. fiege, 8 c pn dit que
vous avez quitté vôtre femme de vôtre propre au- W Ê Ê È
torité,fans aucune caufe légitimé,& en avez pm une f»
autre au mépris de l’églife dont vous ayez attire les Freuv. I. Call.
cenfures# enforte qu’on ne peut douter que vos en- '■7- "■ 5'
fans ne foient illégitimes. De plus comme le roi ne
reconnoit point de fuperieur pour le temporel, il a
pû fans faire tort à perfonne fe foumettreencepoint
a nôtre jurifdiétion: quoi qu’on puiffe croire quil
auroit pû lui-même donner cette difpcnfe,non comme
pere à fes enfans, mais comme prince a fes fujets.
Au contraire vous avez des fuperieurs, au préjudice
defquels vous ne pourriez peut-être vous foumet-
treànous en ce point fans leur confentement,8t vous
n!avez pas l’autorité de difpenfer en cette matière.
Voilà les raifons qui nous ont induit a accorder au
roi cette grâce: étant perfuadez que pour certaines
caufesnous pouvons exercer la jurifdiétion temporelle
, même en d’autres lieux que dans le patrimoine
de l’églife , où nous avons & pour le fpirituel &i
pour le temporel 1 autorité fouveraine.