
A m. H ? ? .
XXIII.
S . P ie r r e d e
P a r^ n z o .
$8 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
rement dechez eux les heretiques.
Le pape leur envoïa Pierre de Parenzo noble R o main,
jeune homme, mais fage^ipirituel, éloquent,
vertueux 8c grand aumônier, qui payoit fidelement
les dixmes contrela mauvaife coutume desRomains.
Il arrivaà Orviete au mois deFevricr i ¡pp. 8c y fut
reçu à grande joie avec des branches d’olivier 8c de
laurier. Il commença par défendre les combats qui
fe fiifoient au carnaval, Ôc où fous pretexte de jeu
on commettoit des meurtres. Mais à l’inftigation des
hérétiques fon ordonnance fut malobfervéc, 8c le
premier jour decarêmetroificmedeMarsily eut un
grand combat dans la place publique fans qu’il put
l’empêcher. Pour en punir les principaux auteurs, il
fit abattre les tours des grandes maiions, du hautdef-
quelles on avoir tiré, 8c cette a dion de juftice commença
à le rendre odieux, il tenoit fouvent confcil
dans la grande églife avec l’évêque Richard comment
on pourroit délivrer la ville des heretiques,8e
aprésavoir encore pris l’avis de plufieurs perfonnes
fages, il déclara publiquement que ceux qui dans
un certain jour feréüniroientà l’églife, y feroient
reçus: mais que ceux qui y manqueraient, feroient
punis fuivantlesloix Ôcles canons. L’évêque reçut
les abjurations de quelques uns 8c les prefenta au
gouverneur qui fit punir les autres. Il y en eut de
mis aux fers, de foüettez publiquement, de bannis,
de condamnez à des amendes: d’autres dontonfai-
fit les biens, plufieurs dont on abattit les maiions.
Enfuite il alla à Rome célébrer avec fa famille la fêt-e
de Pâques qui cette année 1 1 pp. fut le dix-huitiéme
d’Avril. Il fc prefenta au pape qui lui demanda le
L i v r e S o i X a n ï e - q u i n z i e ’ m e .' $ p
ferment de fidélité pour le gouvernement qu’il luy
avoit donné.Pierre répondit qu’il étoic preft d’obéïr,
ôc le pape lui dit : Nous vous remettons le ferment :
mais comment gouvernez-vous vôtre ville ? & comment
avez-vous execute nos ordres contre les hérétiques
■ Pierre répondit : Seigneur, j ai fi bien caftie
les heretiques d’Orviete , qu’ils me menacent de
mort publiquement.Mon fils,dit le pape, continuez
de les combattre hardiment: ils ne peuvent tuer que
le corps, Ôc fi vous mourez par leurs mains, je vous
donne de la part de Dieu ôc des faints apoftres l’abfo-
lution de tous vos pechez. Pierre s’inclina remerciant
le pape, retourna chez luy plein de joie , ôc
fit fon teftamentfecrettement : mais fa mere ôc fa
femme l’ayant appris, fondoient en larmes.
Pendant fon abfence les heretiques d Orviete qu il
avoit punis, s’aiTemblerent 8c reiolurent de le prendre
ôc de l’obliger à la reftitution des gages, qu’il a-
voit fait prendre,â la révocation des condamnations
ôc à donner à leur fede liberté ôc protedion.Pour cet
effet* ils corrompirent un de fes ferviteurs nommé
Raoul, â qui ils promirent une fomme d’argent s’il
le leur mettoit entre les mains. Pierre de Parenzo
revint de Rome à Orviete, oùilfutreçeu le premier
jour de May à grande joie avec de la verdure ôc des.
fleurs. Il continua de pourfuivre les heretiques, mé-
prifant leurs menaceSv& fouvent levant les mains
au ciel, ilprioitDieu, la fainte Vierge ôefaint Pierre,
que s’il devoir mourir de mort violente, ce fuit
par les mains des heretiques ôc pour la défenfe de la
foi catholique. Le vingtième jour de May comme
il étoit déchauffé ôc preft à fe mettre au l i t , des he-
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