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710.
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470 H i s t o i r e E c c l es i a s t i q u e .
la conduite du frere Renaud. Un nommé Oderic
vouloir donnera Dominique fes héritages ettimez.
plus de cinq cens livres m'onnoïe du pais : mais le
l'aint homme les refufaabfolument, & ticcaffer l’aéte
de donation qui en avoit été paifé devant l’évêque
de Boulogne. Car il vouloir que fes freres vêcuiTent
d’aumônes frugalement, qu’ils fuffent pauvrement
vêtus & pauvrement logez dans de petits bâtimens.
En fon abfence frere Rodolfe procureur de la mai-
fon de Boulogne avoit commencé à relever les cellu-
ks qui étoient fort petites : Dominique l’aïânt vûen
fit une forte réprimandé au procureur & aux autres *
& dit avec larmes : Quoi, voulez-vous déjà renoncer
à la pauvreté Si bâtir de grands palais ; Et l’ouvrage
demeura imparfait tant qu’il vécut.
De Boulogne faint Dominique envoïa frere Renaud
à Paris, au grand regret des freres que Renaud
avoit affembiez & confolez avec une tendreffe paternelle.
Etant arrivé à Paris il prêchoit avec un grand
zele, & non-feulement par lès difeours , mais par fes
aéfions. Il y gagna à l’ordre deux grands hommes
tous deux Allemans, Jourdain & Henri. Jourdain naquit
en Saxe au diocefe de Paderborn au lieu nommé
alors Borterge, à prefent Borrentric. Etant encore
feculier il étoit fort charitable, enforte que bien qu’il
ne fût pas riche, il nerencontroit gueres de pauvres
à qui il ne donnât l’aumône : fur-tout à celui qu’il
trouvoit le premier , quoiqu’il ne lui demandât pas.
Il vint étudier à Paris, & étoit déjà bachelkr.en théologie
quand il entra dans l’ordre des freres Prêcheurs.
Henri étoit de bonne famille & fut chanoine à Utreéfc
dès fa première jcuneife. Il y fut formé à la vertu pas
L i v r e s o i x a n t e -d i x -h u i t i e ’m e . 471 .
un pieux chanoine appliqué â la mortification & aux ^ '
bonnes oeuvres : qui l’accoûtuma de bonne heure à
être affidu à leglife, avoir horreur du vice, méprifer
le luxe, aimer la pureté; & le jeune Henri qui étoit né
avec de bonnes inclinations, profita fi bien des inf-
tru&ions de fon confrère, que la vertu fembloit lui
être naturelle. Il vint enfuite à Paris, & auffi-tôt il
s’appliqua à l’étude de la théologie : aïant un grand
efprit naturel Se un grand ordre en fes raifonnemens.
Il fe logea avec Jourdain, & deflors ils contractèrent
une étroite amitié qui dura toute leur vie.
Cependant frere Renaud étant venu à Paris, Jourdain
touché de fes prédications, réfolut en lui-même
d’entrer .dans l’ordre des freres Prêcheurs : croïant
avoir trouvé un chemin aiTuré pour le falut, tel. qu’il
l’avoir fouvent imaginé avant que de eonnoître ces
religieux. S’étant affermi dans cette réfolution,, il
commença à travailler de toutes fes forces à attirer
fon ami Henri au. même genre de vie : voïant en
lui de grandies difpofitions de nature & de grâce
pour le miniftere de la prédication. Il refiftoit &
Jourdain ne ceffoit de le preflèr : enfin il l’engagea à
aller trouver frere Renaud, pour fe eonfeffer à lui Se
entendre fon exhortation. Au retour il revint à Jourdain,
& ouvrit le livre d’Ifaïe comme pour conful-
ter Dieu. Le premier paffage où il jetta les yeux fut
celui-ci Le feignent m’a ouvert l’oreille pour l’é- 7/4.4.;.
corner comme un maître, Se je ne vais point en arriéré.
Jourdain lui expliqua ces paroles comme répondant
proprement à fan intention ; Se lui fit remarquer
peu après ces autres t Tenons nous enfetn- v.i.c. 41.
ble : pour montrer qu’ils ne dévoient jamais fe fépaf