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^ ralentie. Mais Jacques de Vitri qui vivoit du temps
même de S. Dominique & du B. Jourdain, parle ainfi
de leurs difciples fous le nom de chanoines de Bou-
. logne : Ils fe font délivrez de tout foin des biens temporels
, Si ne reçoivent d’aumônes que ce qui fuffis
chaque jour pour la neceffité d’une vie frugale. Ils
ufent de viande trois fois la iemaine fi on leur en fert,
mangeant en refeétoire, couchant en dortoir &i chantant
l’office canonial dans l’églife. Ils font du nombre
des étudians de Boulogne: un d’eux leur fait tous
les jours une leçon des faintes écritures : Si ils prêchent
tous les jours de fête par l’autorité du pape 3
joignant la prédication à la vie canoniale. Ils ont un
grand zele pour le falut des ames, Si cette fainte congrégation
s’augmente de jour en jour.
La même année izzz. entra dans l’ordre des freres
Prêcheurs, S. Raimond de Pegnafort, qui en fut un
m ü i des plus grands ornemens, & le troifiéme général. Il
jm . to. naquit à Barcelone, d’une famille noble, Si étudia fi
bien , que dès l’âge de vingt ans il enfeigna les arts libéraux
dans la même ville : ce qu’il fit gratuitement,
Enfuite il.paifa à Boulogne , où il étudia le droit canonique
&c le droit civil avectant defuccès,qu’ilfuc
paifé doéfeur Si profeifa le droit canonique d’abord
fans appointement : enfuite le fenat de Boulogne lui
en ayant affigné, il en payoit fidellement la dîme à
fon curé. Il avoir exercé cette fonction pendant quelques
années & fa réputation s’étoit déjà répandue dans
l’Italie , quand Berenger évêque de Barcelone revenant
de Rome paffa à Boulogne -r Si touché du mérite
de Raimond, le preifa de retourner à Barcelone, Si
l’y ayant ramené, lui donna peu après un canonicaC
i v.
Commencemens
de S. Raimond de
Pegnafort.
V t t a ap. Bott- 7 »
L i v r e s o ix a k t e -d ix -h ü i t i e ’m e . 541
& un archidiaconé dans fon églife. Sa pieté , fa mo- “ ‘ *
deftie & fes autres vertus lui aVüient attiré Peftime de * l l i i ’
tout le monde , particulièrement des prélats Si des
feigneurs : mais aïant fait connoiifance avec les freres
Prêcheurs nouvellement établis à Barcelone, il goûta
tellement leur inftitut, qu’il quitta tout pour l’em-
braifer , Si en prit l’habit le Vendredi-faint premier
jour d’Avril iz z z .à la g e d’environ quarante-cinq
ans. Son exemple y attira plufieurs hommes diftin-
guez par leur doétrine Si par leur naiifance , & l’ordre
reçut un grand accroiifement à Barcelone.
L’Angleterre commençoit à refpirer après les trou- conJic'i'o*-
bles dont elle avoir été agitée fous le regne de Jean fori-
fans terre. Pour y rétablir la difcipline ecclefiaftique le
cardinal Eftienne de Langton archevêque de Cantor-
beri & légat, tint un concile au monaftere d’O fnei,
près d’Oxford vers la fête de S. Barnabe, qui eft l’on*
ziéme de Juin. Ce fut un concile genejal de toute
l’Angleterre , où l’on fit quarante-neuf canons conformes
à ceux du- dernier concile de Latran , avec
quelques autres reglemens. Ils font conçûs au nom
de l’archevêque, mais avec la claufe expreife, tantôt
de l’autorité , tantôt de l’approbationidu concile. Le *■! >'•
premier canon contient une excommunication générale
contre ceux qui entreprennent fur les droits
de l’églife, les perturbateurs de la paix duToïaume,les
parjures, les calomniateurs Si d’autres femblables. En- ».
fuite on marque les devoirs des évêques ; Si on les exhorte
à donner audience aux pauvres, à oüir eux-mêmes
les confeffions, à refider enleurs cathédrales, au
moins les grandes fêtes, & une partie du carefme, Sc
à fe faire lire deux fois tous les ans les promeifes qu’ils
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