
3 J4 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
affermit dans fa refolution de ne jamais renoncer à fas
pauvreté qu’ils avoient promife , pour quelque be-
lbîn ou quelque affifdtion que ce fût. Etant revenus
à la vallée de Spolete, ils commencèrent à examiner
s’ils dévoient çonvcrfer avec les hommes., ou chercher
lafolitude: Si François ayant prié ardemment
fur ce fu je t, comprit queDieu L’avoic envoyé pour
lui gagner des ames..
il fe retira doBcavec fes compagnons dans une
cabane abandonnée prés d’Affife,où ils s’apliquoient
continuellement à la prierermais elle étoit plus mentale
que vocale, parce qu’ils n’avoientpas encore de
livres pour dire l’office canonial, tant leur pauv reté
étoit grande. Leur livre étoit une croix de boisque
François avoir plantée au milieu de la cabane, Seau*
tour delaquelle ils prioient.ll leur apprit auffi àloiier
Dieu en toutesfes créatures, àrendreun refpeétparticulier
aux prêtres, à s’attacher fermement à la foi
de l’églife Romaine Si la confeffer fitnplement. Il
avoit déjà douze difeiples, Si voyant que plufieurs>
autres vouloient fe joindre à lui , & qu’il n’avoit pas
où les loger : il demanda aux Benediétins l’églife de
la Portioncule qu’il avoit autrefois reparée, la plus
pauvre qui fat dans ces quartiers, & l’ayant obtenue
il alla s’y établi r:ce fut la première maifon 8i la four*
ce de l’ordre des freres Mineurs-.
Delà François alloit par les villes Si les villages
prêchant, non avec des difeours étudiez, mais avec
î’onêfcion du S. Efprit. Il paroiffoit à ceux qui la
voyoient un homme d’un autre monde, ayant toujours
le vifage au ciel où il vouloit attirer tous lesau-
tres. Il affiemblabien-tot douze nouveaux difeiples
L i v r e S o i x a n t e - d i x - S £ P i : i e ’m e . 3 1 5 T ~ T "
/ • ’ ■ /■ » . J 1 /"* - A N • 12» I 2 « d ’unevertu eminence,qui turent tuivis depluiieurs
autres ; Si pendant l’année 12 1 1 . il fonda pluiieurs
convents,dont les plus confiderables furent ceux de
Cortone , de Pife Si de Boulogne. Apres avoir parcouru
la Tofcane, il revint à Affife au commence-
.èient du carême de l’an 1212.. étant en telle vénération,
que quand il entroit dans une ville, on fonnoit
les cloches, le clergé & le peuple venoit le recevoir
avec des cantiques de joyeSc des rameaux. Les uns
touchoient fes habits, les autres baifoienties pas: on
s’eftimoit heureux de pouvoir lui baifer les mains ou
les pieds. Son compagnon étonné qu’il fouffrit ces
¡honneurs, lui en demanda la raifon. Le S. homme
répondit: Sçachez mon frere que je renvoyé à Dieu
tous ces refpe&s fans m’en rien attribucr-.comme une ,
¿mage renvoyé tout l’honneur qu’on lui rend à fon
orig inal, Si les autres y gagnent en honorant Dieu
,<Jans la plus vile de fes créatures. Il prêcha a Affife
pendant ce carême, 8i fit pluileurs converfions,dont
la plus remarquable eil celle de fainte Claire.
Elle étoit de la ville même d’une famille noble ,
fonpere étoit chevalier, tous fes parens paternels Si
maternels militaires: fa maifon riche félon le païs.
Sa mere Hortulane étoit fort pieufeôi adonnée aux
bonnes oeuvres, Si fit le pelerinagedela terrefainte Aug' c'
fuivant la dévotion du tems. Etant prêt d’accoucher
de cette fille elle prioit Dieu nuitamment de la délivrer
heureufement, Si elle entendit une voix qui lui
dit: Ne crains point, tu mettras au monde une lumière
qui l’éçlairera, C’eft pourquoi elle nomma fa
filleClaire.Dès fon enfance ellefut charitableenvers
les pauvres Sc appliquée à la priere; enforte que
R r ij
IX.
Commencement
de lain.te
Claire.
Vading
1 1 1 1 , n»