
A n.i z o i .
Lib. $. epifi.
25-, z6.
Ville-Hard n.
3 5'
Sup. liv . LXXIY.
n. 51.
Ge&a. Inn. n, fi.
n i . H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
cardinal du titre de fainte Praxede , ôc leur avoit
donné les pouvoirs les plus amples qu’il fût poffible.
Mais les Venitiens,craignant que Pierre ne s’opposât
à l’entreprifc de Zara , dirent que s’il vouloit venir
avec eux,ils le meneroient en qualité de prédicateur,
mais non de légat. Les François netoient pas de cet
a v is , mais les Vénitiens y perfifterent; ôc Pierre mal
content d’eux revint à Rome, ôc découvrit leur def-
fein au pape, qui écrivit à tous les croifez ; leur de-
fendant expreffémentfouspeined’excommun^atioti
d’attaquer les terres des Chrétiens , ôc nommément
Zara,dont étoit en poifeflion le roi de Hongrie croi-
fé lui-même. Le pape avoit fait cette defenie de v ive
voix au marquis de Montferrat, qui s abfenta
prudemment ôc n’alla point au. fiege de Zara. ; .
On preparoit rembarquement,^ le mois deSep--
tembre aprochoit, quand il vint ^Venife des envoyez
d u j e u ne Alexisl’Ange fils del’empereurlfaac,
qu’Alexis fon frere avoit détrôné ôc aveuglé en
1 i ^ j1. Le fils fe fauva .en Italie, vint a Rome Ôc porta
fa plainte au pape en prefence des cardinaux ôc de
plufieurs nobles-Romains : foûtenant que fon oncle
Alexis étoit ufurpatcur ; 8c relevant la cruauté avec
laquelle il traitoit l’empereur fon frere,il demandoic
juf t ie e au pape,comme ne trouvantperfonne au def- ,
fus à qui il put avoir recours. Le pape lui ayant répondu
ce qu’il jugea à propos, le jeune prince conti-,
nua fon chemin pour aller en Allemagne trouver le
roiPhilippe deSuaube qui avoit epoufe fa ioeur Irene.
Etant à Verone il apritque les croifez étoient à Ve-
nife, ôc on lui confeilla de leur dëmander du fecours.
Ses envoyez s’adrefierent au marquis de Montferrat
L i v r e s o i x a n t e -q u i n z i e ’ m e . 1 1 3 An I l 0 1 '
6c aux autres ieigneurs croifez, qui envoyèrent au ’ 1
roi Philippe de Suaube , fçavoir s'il vouloit les aider
au recouvrement de la terre fainte , auquel cas
ils promettoient d aider Alexis a la conquête de
C. P. Les envoyez des croifez allèrent ainfien A l lemagne
avec le jeune Alexis.
La flotte,des croifez François & Vénitiens partit xlviii.
de Venife àl’oétave de faint Remi huitième d'Oc- ?r!fc
tobre izoz. ôc arriva devant Zara la veille defaint Ville-Hard. ».
Martin dixième de Novembre. Les habitans en- 38-
voyerent des députez au duc de Venife, offrant de
fe rendre à diferetion : le duc dit qu’il enparleroic
aux feigneurs François, ôc cependant ceux qui vou-
loient divifer l’armée dirent aux députez de Zara:
Pourquoi voulez-vous vous rendre? vous n avez
rien à craindre des croifez, fi vous pouvez vous défendre
des Vénitiens. Ainfi les députez s’en retournèrent
fans attendre la réponfe du duc de Venife ni
des feigneurs François, qui etoient d avis d accepter
leurs offres. Alors Gui abbé des Vaux deSernaide
l’ordre de Cifteaux au diocefe de Paris fe leva dans
l’aflemblée, ôc dit: Seigneurs je vous défens delà
part du pape d’attaquer cette villeselle eft a desChre-
tiens, ôc vous êtes croifez. En meme tems il leur lut
la lettre du pape qui portoit cette defenfe. Les Vénitiens
le vouloient tuer; mais Simon comte de Mont- nß, ¿i.
fort fe leva auifi ôc prit fa défenfe. La ville de Zara
fut attaquée ôc rendue ,8c parleconfeil desVenitiens
l’armée y pafla l’hiver. ^
Mais le pape ayant apris cet exploit écrivit une
lettre aux croiiez, ou il les traite en excommuniez,
ne mettant à la tête ni falut ni benediition. Les ha-
Totne XVI. ^