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6o8 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
vous êtes & même votre vie. D’où vient donc un langage
fi différent ? eft ce là le fecours que vous promettiez
à Féglife dans le befoin : Souvenez-vouscombien
le pape Innocent vous a trouvé petit & abatu à
la mort de l’imperatrice votre mere , & combien en
mourant il vous a biffé grand & élevé. Il montre
comment Innocent l’a foutenu contre les entreprifes
de Marcuald & de Diopulde ; puis il ajoute ;
A l’égard d’Otcon vous'ne devez pas dire qu’il
ait été mis fur le trône de votre pere, puifque ce trône
n’eft pas héréditaire, mais éleftif. Or perfonne
n’ignore qu’après la mort de l’empereur Henri, il y
eut deux partis, l’un pour Philippe, 1 autre pour Ot-
ton, Philippe prétendoit d’abord agir pour vous ,
mais enfuite il fe prévalut du fuccès pour lui-même ,
& fe tenant affuré de l’empire , il etendoit fes efperan-
ces fur la Sicile. Le faint fiege s’y oppofa & empêcha
qu’il n’eût aucune entrée dans ce roïaume : mais
après la mort de Philippe , il ne put refufer la couronne
impériale à Otton, élu d un commun confentement
de tous les feigneurs. Il témoigna bien-tôï
fon ingratitude, que l’églife difiimula avec fa patience
ordinaire rmais quand il vint a vous attaquer,
comme c’étoit la frapper à la prunelle de l’oeil, elle
chercha tous les moïens de vous fecourir, & excita
les princes Chrétiens à vous prêter la main. Il tomba
; vous profitâtes de fa chute, & au lieu qu’il vous
reftoit à peine l'extrémité de votre roïaume , vous
poffedez tout fon empire. C’eft ainfi que l’églife votre
mere a pris foin de vous & dans votre enfance &
dans un âge plus mûr y & voilà ce qui regarde mon
prédeceffeur.
* J û
L i v r é s o i x a n t e -d i x -n e u v i è m e . 609
J ’ai fuccedé à fon affeébon pour vos intérêts, &.......
j’ai tqis le comble à votre dignité, même au préju- N* 12,l6‘
dice de la mienne. Vous vous plaignez cependant •
que j’entreprens fur vos droits dans les éleétions des
évêques : mais fi vous aviez examiné vos écrits &i ceux
de votre mere, fi vous faifiez attention aüx' tíonftitutions
des peres, vous verriez que l’églife ne fait que ..
défendre fa liberté. Nous ne connoi'ffons point cet
ufage qui affujettit à votre volonté le jugement du
faint fiége pour le choix des évêques : mais nous ne
prétendons pas en promouvoir qui vous foienc fufpeéts,
pourvû que vos foupçons foient raifonnables,'
Le pape fe plaint enfuite des mauvais traitemens faits
par l’empereur à l’archevêque de Tárente & aux évêques
de Catanc & de Cefálou en Sicile ; & dit qu’en
cette oçcafion & en toutes les autres il fera fon devoir
pour maintenir, la liberté de l’églifc, parce que
l’indulgence feroit criminelle & préjudiciable à lèm-
pereur même. 1 j Le pape fe juftifie enfuite au fujet des rebelles à
qui l’empereur l’accufoit d’avoir donné retraite ; ôc
foutient que l’églife: leur devoir proteéHon , foit
com me aïant confirmé nies traitez que l’empereur
avoit faits avec eux, & aufquels il avoit contrevenu,
foit par d’autres raifons. Il lui reproche en particulier
fon ingratitude envers le roi de Jerufaleiw fon-
beau-pere , & dit qu’elle fera très-préjudiciable à la
terre- fainte. Il lui reproche l’ùfurpation des terres dé
Wglife Romaine qu’il devioit ¡défendre comme
Avoué. Il l’exhorte à ne fe'pas biffer éblouir par la
profperité prefente, & lui déclare que le faint fiége
lie ceffera point de le favorifer, s’il n’y met obftaclç
Tome X V /. " ' H h h h