
77 7 f g g H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e A N . I IO îT. / . | t /y . , • , , ctoïc dans la meme erreur & les avoïc pris en amitié.
Au fortirdeCarmain,le peuple fuivitles prédicateurs
près d’une liéuë. Delà ils allèrent à Beziers 8c y prêchèrent
quinze jours,affermiffanc dans la foi le peu
de catholiques qui yétoienc, 8c confondant les hérétiques.
Alors l’évêquc d’Ofma 5c le moine Raoul
voyant que Pierre de Caftelnau étoit le plus odieux
aux heretiques 8c craignant pour favie.lui confeille-
rent de fe feparer d’eux pour un tems. Les deux moines
Pierre 8c Raoul feféparerent donc de l’évêque 8c
allèrent de Beziers à Carcaffone, où ils demeurèrent
dix jours occupez de prédications 8c de conférences.
C’étoit au mois dejuin,8c les heretiques travailloient
à leur moiflon le jour de la S. Jean : car loin de l’ho-
norer comme un prophete.llsledeteftoient.Un d’eux
voyant la poignée d’épics qu’il tenoit fanglante, crut
qu’il s’étoi't coupé la main: mais la trouvant faine 8c
entiere, il cria à fes compagnons,qui trouvèrent auili
leurs épies -fanglans. Pierre moine de Vaux-Scrnai,
qui a écrit l’hiftoire des Albigeois, dît avoir appris
ce fait de Gui fon abbé, qui étoit alors fur le lieu 8c
avoit vû les épies.
Un jour tous les chefs des heretiques s’affemblerent
à Mont-real, au diocefe de Carcaffonne, pour conférer
avec les prédicateurs catholiques,8c Pierre deGa-
ftelnau revint pour affifter à cette conférence. On y
pritlesjuges entre ceûxque lesheretiques nommoienc
Groïans : elle dura quinze jours 8c fut rédigée par
écrit, 8C on en donna la relation aux juges pour prononcer
leur fentence. Mais voïant que le, heretiques
Guill. de Pod,
étoient nianifeftëment convaincus, ilsrefufcrent de
porter leur jugement,8cde peur que larelation ne devint
c. f .
lia i
L i v r e S o i x a n t e - s e i z i e ’m e . 1 1 7
vint publique,ils la donnèrent aux heretiques. Après
la conférence comme les prédicateurs étoient encore
à Montréal » répandant leurs inftru&ions par tout
aux environs 8c mandiant leur pain de porte en porte
: Afnaud abbé de Cifteaux revint en France, a menant
avec lui douze abbez de fon ordre diftinguez
par leur fcience Sc leurvercu, accompagnez de plu-
fieurs moines. Ils fuivoient tous l’exemple de l'évê-
que d’Ofma , 8c marchoient à pied en grande/ humilité,
fe répandant de tous cotez fuivantles ordres
de l’abbé de Cifteauç aux lieux qui leur étoient
marquez pour prêcher 8c conférer.
Cependant l’évêqued’Ofma voulut retourner chez
lui, pour mettre ordre à fes affaires, 8c fournir de fon
revenu lafubfiftânceaux prédicateurs delà province
de Narbonne. Il paffa à Pamiers où vinrent le trouver
Foulques évêque deTouloufe , Navarre évêque
de Conferans 8c plufieurs abbez. Là fe tint une conférence
avec les Vaudois qui furent entièrement convaincus
8c confondus ; la plûpart du peuple de la
ville, principalement les pauvres, fedeclarerent pour
les Catholiques. On voit établi pour juge de la dif-
pute un homme puiffant dans la ville 8c favorable
aux Vaudois : il abjura l’herefie entre les mainsde
l’évêque d’Ofma, s’offrit lui 8c fes biejis, 8c depuis
ce tems combattit vigoureufement les heretiques.1
A cette conférence de Pamiers fe trouva Raimond
Roger comte de Foix cruel perfecuteur des Catholi-;
ques : fa femme étoit déclarée pour la ie£te des Vaudois,
dont étoit auffi l’une des foeurs du comte 8c l’au-,
tre Manichéene. Après la conférence,qui fe tint dans
le palais du comte,il défraya un jour les Vaudois, 8C
Tome X n . E e
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