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*T'----------- & lui donnoient des otages : Avignon même qui étoit
n. u . i 6 r ja yp[e ja jus forte | en 3Utant, & le roi y arriva
la veille de la Pentecôte fixiémede Juin. Il comptoit
d’y paiTer fans difficulté fuivant la foi donnée, & une
partie de l’armée avoit déjà traverfé le pont, quand
les habitans qui depuis feptans étoient excommuniez
par le pape , craignirent d’être traitez comme enne?
mis, ¡te fermèrent les portes, offrant feulement de
biffer paffer le roi avec peu de fuite. Le roi ne voulut
pas s’y oppofer ; & réfolu de fe rendre maître de la
ville , commença à l’affieger le mercredi dixième de
Juin : mais comme elle étoit forte & bien défendue,
le liege dura plus de deux mois.
Mat th. Taris. I Cette croiiade contre les Albigeois, donna lallar-
^ Henri roi d’Angleterre. . En effet on difoit che/z I
lui que les prélats .& les feigneurs de France qui s’e?
toient croifez favoient plus fait par la crainte du
roi & par complaifance pour le légat, que par zele
pour la juffice. Que c’étoit un abus d’attaquer un
feigneur Chrétien, c’eft-à-dire le comte Raimond,
vû principalement qu’il étoit notoire qu’au concile
tenu depuis peu à Bourges il avoit inftamment prié
le légat de venir dans toutes les villes de fes états s’in-
former de leur foi : promettant de faire juffice de
ceux qui fe trouveroient avoir des opinions contrai?
res ; & s’il fe rencontroit quelque ville rebelle, l’obliger
àfatisfaétion. Il offroit, difoit-on, de la fairelui-
même s’il étoit coupable ; & fe foumettoit pour la foi
à l’examen du légat, qui a méprifé fes offres ; ¡te ce
comte, tout catholique qu’il eft, n’a pû trouver grâce
qu’en renonçant pour lui & les liens à fon héritage,
Affifi parloient les Anglois,
L i v r e s o i x a n t e - d i x - n e u v i ë ’me. 6i ï
Le pape donc craignit que le roi d’Angleterre ne
fe joignit à Raimond,pour empêcher qu’à l’occauon
de la croifade le roi de France ne fe faisît des terres
que ce comte tenoit en fief de la couronne d’Angleterre.
C ’eft pourquoi le pape écrivit au roi Henri une
lettre où il dit en ftibftance : Nous avons long-temps
attendu que Raimond fuivant fa promeffe purgeât
l’Albigeois d’hérétiques, mais nous n’y avons rien gagné.
Cependant ila été ordonné dans le concile général,
que fi un feigneur temporel averti par l’égtife négligé
de purger fa terre d’héréfie, il fera excommunié
par le métropolitain ¡te les évêques de la province ; &
que s’il ne fatisfait dans l’an, fes fujets feront abfous
par le pape du ferment de fidélité, & fa terre expofée,
pour être occupée par des catholiques. Etant donc
contraints par la neceflité de la loi, nous avons envoie
le cardinal Romain au roi de France , qui s’eft
croifé avec prefque tous les prélats & les barons de
fon roïaume pour exterminer les hérétiques de ces
quartiers-là. C’eft pourquoi nous vous exhortons a
ne point affifter Raimond : parce que comme il eft excommunié
avec fes fauteurs, vous mettriez une tache
à la pureté de votre fo i, ¡te vous vous envelopperiez
dans l’excommunication. Vousne ferez point non plus
la guerre au roi de France, par vous ni par votre frere ,
tant qu’il fera occupé au fervice de J . C. de peur que
ce prince ne fe détourne à quelque autre entreprife ,
fans que nous puiflions vous fecourir. Au refte quoiqu’il
arrive de la terre des hérétiques-, nous aurons
foin de conferver votre droit & celui des autres catholiques,
fuivant l’ordonnance du concile. La lettre
eft du vingt-feptiéme d’Aytil 1 1 16 .
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