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A n . l i t i » n ’ 3 y a n t p0int d’autres marques pour compter les Pater
quelle difoit, elle fe fervoit d’un monceau de pi-
tites pierres. Elle portoit un cilice fous fes habits
précieux, 8c refufa un mariage avantageux, réioluc
de confacrer à Dieu fa virginité.
Ayant oüiparler de S.François, qui ramenoit au
monde la perfeétion oubliée depuis long-tems : elle
défira de l’entretenir, 8c lui de fon côté fur la réputation
de Claire fouhaita de la voir & de la gagner
à Dieu. Ils fe rendirent plufieurs vifites, mais avec
les précautions néceiTaires pour éviter l'éclat : François
lui perfuada de fe confacrer à Dieu, 8c elle fe
mit entièrement fous fa conduite. Elle exécuta fon
deifein le dimanche des Rameaux dix-huitiéme de
Mars 1 211. Le matin elle alla à l’églife avec les autres
dames magnifiquement parées ;■& comme elles
s’empreiloient à recevoir les rameaux,Clairedemeu-
ra à fa place par modeftie, Si l’évéquedefeendant
de l'autel, alla lui donner la palme, comme un pre-
fagede la victoire qu’elle àlioit remporterfur le monde.
La nuit fuivante elle prépara la fui te félon l’ordre
du S. homme, fe faifant accompagner comme la
bien-féance le demandoit. Elle fortit fecretement de
la maifon 8c de la ville , 8c fe rendit à fainte Marie
de la Portioncule, où les freres qui chantoient matines
la receurenc avec le luminaire. Là elle quitta
tous fes orneméns 5t jufques à fes cheveux qu’ils lui
coupèrent. Elle receut devant l’autel l’habit de pénitence,:
8c auffi-tôt François l’amena à l’églife de S.
Paul, jufques à ce qu'il lui trouvât une autre demeu-
radini.'[n; ir. re c ’étoit un monafterc deBenediétines, & Claire
iï éto.itaLorsdans fa dix-huitiéme année.
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Ses parens ayant apris fa retraite , entrèrent en
furie & accoururent en troupe àS.Paul.Ils employèrent
la violence 8c la douceur pour ramener Claire,
lui reprefentantque cette baifeiTe deshonoroit fa famille
8c n’avoit point d’exemple dans le pais. Mais
Claire prenant le tapis de l’autel,découvrit fatete
rafée, 8c protefta qu’on ne l’arracheroit point du fer-
vice de J . C. Elle fouffrit cette perfecution pendant
plufieurs jours: 8c enfin par fafermete elle obligea
fes parens à fe tenir en repos. Peu de jours après fon
entrée à S. Paul elle paifa à S. Ange de Panfe du même
ordre de Saint Benoift, ôc n’y ayant pas l'efprit
tout-à-fait tranquille, elle fe fixa a S. Damien par le-
confeil de S. François.
Elle étoit encore à S. Ange quand elle attira fa c
fceur Agnès plus jeune qu’elle. L’union où elles
avoient vécu , rendit leur féparation plus fenfible:
c’eft pourquoi Claire pria Dieu ardemment, d infpi-
rer.à fafoeur la même refolution qu’a elle , 8c fa prière
fut fi promptement exaucée , qu Agnes la fuivit
au bout de feize jours. Mais cette retraite excita de
nouveau l’indignation de leursjaarens. Dès le lendemain
ils accoururent au nombre de douze au monaf-
tere de S. Ange. Ils feignirent d'abord de venir avec
un efprit de paix:mais étant entrez, ils fe tournèrent
vers Agnès, car ils n’efperoient plus rien de Claire,,
8c lui dirent: Qu efles-vous venue faire ici ? Revenez
promptement au logis avec nous. Elle repondic,
qu’elle ne vouloir point quitter fa fceur ; 8c un chevalier
fe jetta fur elle en furie, la frapant a coups du
poing 8c depied, Se latira par les cheveux , tandis-
que les autres l’enlevoient fur leurs bras. Elle appella.
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