
Matth. 1114.to. xi
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338 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
Jean 1* y e n a une par laquelle le pape ordonne au
légat Nicolas de pourvoir aux évêchez & aux abbaïes
qui vaquoient alors en Angleterre : y faifant élire des
lujets dignes, après avoir demandé le confentement
du roi & pris bon confeil ; & lui donnoit pouvoir
de contraindre par cenfures ceux qui s’y oppofe-
roient. En vertu de cette conami'ffion le légat méprisant
le confeil de l’archevêque & des évêques alla aux
egliles vacantes avec les clercs & les officiers du roi,
& y ordonna des perfonnes peu capables, fuivant
1 ancien abus d’Angleterre. Et comme quelques-uns
prétendant etre manifeftement grevez, appelaient
au pape , il les fufpendit de leurs fondions, & les
envoia a Rome, fans leur permettre d’emporter un
demer du leur pour ies frais du voïage. Il diftribua
* 1 a ic* clercs pluficurs cures fans le confentemenc
H des patrons ; & tou te cette conduite lui attira beauco u t>
de maledi&ions. r Le carclinal Eftiennc de Langton archevêque de
Cantorberi ne crut pas devoir la fouffrir, C ’eft pourquoi
après l’o&ave de l’Epiphanie de l’an 1 2 . 1 4 . il tint
un concile avec fes fuffragans au lieu nommé Dunefta-
; ^ °u après une mûre délibération il envoïa deux
clercs au légat, lui défendre en confequence de l’appel
d établir des prélats dans les églifes vacantes, au préjudice
de l’archevêque, à qui ce droit appartenoit. Mais,
le légat ne déféra point à cet appel ; & du confentement
du roi il envoïa Pandoife en co^ir de Rome ,
pour s’oppofer au deifein de l’archevêque. Pandoife
étant arrivé auprès du pape, noircit beaucoup dans
ion efprit l’archevêque de Cantorberi, & dit que lui
& les autres évêques étoient trop interreffez & trop
L i v r e s o i x a n t e - d i x - s e p t i e ’ me. 3j?
roides à exiger la reftitution de ce qu’ils a voient per-
du pendant l’interdit; 6c qu’ils cherchoient trop à ‘ l i I ^'
abaiiTer le roi 6c les libertez du roïaume. Au contrai'
re Pandoife donnoit de grandes loüangesau roi Jean,
difant qu’il n’avoit jamais vu de prince fi humble 6c
fi modefte : ainfi il lui rendit le pape très-favorable.
Le do&eur Simon de Langton frere de l’archevêque
voulut s’oppofer aux difeours de Pandoife : mais il ne
fut pas écouté, tant la donation du roi Jean avoir
fait d’impreffion fur l’efprit du pape.
Depuis la mort du cardinal de fainte Sufanne , il x x x i.
n’y avoir point eu de légat en Romanie ; &'le notaire Ro^ ! ce.Iégaten
Maxime, que le pape y avoit envoie en attendant
ctoit demeuré à Venife. C ’eft pourquoi le pape Innocent
dès l’année 1113. envoïa à C. P. en qualité de
légat, Pelage cardinal évêque d’Oftie avec des let- ^ l i tres
par lefquelles il le recommande à l’empereur
Henri, à Geoffroi prince d’Achaïe, 6c aux feigneurs
du païs ; aux évêques, aux abbez 6c aux autres fupe-
rieurs ecclefiaftiques. Ces lettres font dattées de
Segni 6 c des deux derniers jours d’Août 1113. Le lé-
gat pour montrer qu’il reprefentoit le pape, étoit vêtu
de rouge jufques à fa chauflure, la houfle 6c la bride
de fon cheval : ce que les Grecs rematquoient, parce
que c’étoit la couleur de l’empereur. Il exerça fa légation
avec beaucoup de hauteur: voulant foumettre
tous les Grecs aux ordres de Rome , jufques à faire
emprifonner des moines & des prêtres , & fermer
toutes leurs églifes. Il falloit fous peine de mort re-
connoître le pape pour le premier évêque , 6 c faire
mention de lui au faint facrifice. Ce procédé jetta
la confternation dans C. P. & les premiers d’entre