
— —— 284 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
A n . u io . d e s archevêques, des évêques 8c plufieurs autres prélats
, avec les barons 8c les autres dont ils crurent
que la prefence feroit utile. Avant toutes chofes ils
avoient mandé au comte de Touloufe; qu’il chalTâc
de fes terres les. heretiques 8e les Routiers ou brigands,
8e qu’il accomplit tout le refte à quoi il s’é-
toit engagé par plufieurs fermens. Il fut appellé au
concile, 8e quand il fut venu on v it clairement par
les effets qu’iln ’avoit rien exécuté: c’eft pourquoi on
jugea qu’il ne devoir point être admis pour lors à la
purgation. Car il ne paroiffoit pas vrai-femblable
qu’il fîtfcrupule de fe parjurer touchant le reproche
d'herefie 8e la mort de Pierre de Caftelnau , après
avoir tant de fois violé fes fermens fur des matières
importantes. C’eft pourquoi le concile lui enjoignit,
qu’il commençât par chaffer les heretiques 8e les Routiers,
8e accomplir fes autres promeffes , après quoi
les deux légats pourroient executer à fon égard les
ordres du pape. Alors le comte de Touloufe commença
à répandre des larmes, que Theodife jugea
venir plutôt de dépit que de penitence: c’eft pourquoi
du commun avis des prélats le comte fut excommunié
de nouveau avec tous fes fauteurs :8c s’é-
«H m . tant retiré il fit encore pis que devant.
Quelque tems après il y eut une conférence à Nar-
bonne où fe trouvèrent le roi d’Arragon,le comte de
Montfort 5c lecomtedeTouloufe. Raimond évêque
d'Ufez 8c l’abbé de Cifteaux, tous deux légats du S.
fiege y étoient auffi avec ledoéieur Theodife., L’abbé
de Cifteaux propofa en faveur du comte de Touloufe,
que pourvû qu’il chaffât les heretiques de fes
terres , on lui laifferoit tous fes domaines 8c la troi-
L i v r e S o i x a n t e - s e i z i e ’ m e . 185
fiéme partie des droits qu’il avoit fur les chafteaux
des autres heretiques fes vaffaux, 8c que le comte
difoit être au moins cinquante. Mais le comte de
Toulufe refufa ces conditions, 8c fut excommunié
par les deux légats , l’évêque d’Ufez 8c l’abbé de C ifteaux
: comme il paroît par une lettre du pape qui ordonne
l’execution deleurfentence.Elleeftadrefféeà
l’archevêque d’Arles 8c à fes fuffragans Scdattéedu
quinzième d’Avril 1 2 1 1 .
Tandis que l’on pourfuivoit les Manichéens en
Languedoc, 8c la même année 1210. on trouva d’autres
heretiques àParis.Les étndesy étoient ftoriffan-
tes, 8c il y venoit de toutes parts une très grande multitude
d’écoliers, attirez non-feulement par l’agrément
du lieu 8c ^abondance de toutes les commodi-
tez de la vie: mais encore par la proteélion que leur
donnoit le roi Philippe, à l'exemple du roi Loüis fon
pere. On y étudioit non feulemenr les arts libéraux :
mais le droit canon, le droit civil , la medecine, 8c
fur tout la théologie. Quelques années auparavant,
étoit à Paris un clerc nommé Amauri natif de Bénè
au païs chartrain, qui après avoir long-tems enfei-
gné la logique 8c les autres arts libéraux, s’appliqua
à l’étude de l’écriture fainte: mais il avoit toujours
fa méthode ôc fes opinions particulières, llfoutenoic
que chaque Chrétien eft obligé de croire qu’il eft
membre de J . C. 8c que perfonne ne peut être iauvé
fans cette créance, qu’il mettoit au nombre des articles
de foi. Tous les catholiques s’élevèrent contre
cette doétrine d’Amauri; il fallut aller au pape, qui
ayant oui fa propofition 8c les obje&ions de i’Uni-
vetfité,- prononça contre lui. Amauri revint donc à
N n iij
t lX .
Hérétiques à
Paris.
R ig o r d . p a g . yo»
to. x i . conc» p .
A9 -
D u R o u la i h ift ..
X Jn iit o . 3. p a g .