
An. i 1 551.
il. efifi» S3«
fup. liv . LX X .
». 31.
XXII.
Manichéens à
©rviete,
Vita S. Pet.
Parent, c. 1.
Botl. tom. 1 C. 'Mk u .
¡6 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
La même année le pape confirma l’ordre de Ca-
latravc inftitué quarante ans auparavant fous Alexandre
III. Innocent leur ordonne d’obferver invio-
lablement la réglé qui leur avoit etc donnée par l’abbé
de Cifteaux,5equi étoit celle des moines, un peu
mitigée, pour l’accommoder à la vie militaire. Car
cefs chevaliers ne portoient point de linge hors les
calleçons , dormoient tous vêtus, ne mangeoient
de la viande que trois fois la femaine depuis la fainte
Croix jufques à Pâques. Le pape leur permet d’avoir
des églifes particulières, 8c défend d'en bâtir dans
leurs terres fans leur permiifion : il leur donne aufli la
prefentation des clercs qui deferviront leurs églifes.
La bulle eft duvingt-huitiéme d’ Avril 119 ? .
En Italie les Manichéens fefortifioientàOrviete
ville épifcopale près de Rome, oü cette erreur avoir
été aportéepar unFlorentinnomméDiotefalvi,homme
d’une aparençe venerable Sç d’un extérieur mo-
defte. Il commença à femer fon herefie à Orviete du
temsderévêqueRuftique,c’eft-à-dire versl'am 1 jo ;
difant que le facrement de l’euchariftie n’eftrien,
que le baptême donné par l’églife catholique eft inutile
pourlefalut; que les prières & les aumônes n'apportent
aucun foulagement aux morts : que S.Silvef-l
tre 8c tous fes fuccelfeurs font damnez: que toutes les
chofes vifibles font l’ouvrage du diable & foumifes
à fa puiflfance: que tout homme de bien eft égal à S;
Pierre en mérité &c en recompenfc, 8c que tout méchant
fera puni comme Judas. Diotefalvi prêchoit
cette doôtrine avec un nommé Gérard de Marfan en.
Campaniermais ils furent chaiTezd’Orvieteparl’évê-
queRichard,quiep.tinc le fiege depuis 1 jufques
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après l’an 1100. A ces deux faux apôtres fuccederent
deux femmes, Milite Ôt Ju lite , qui par leur extérieur
de pieté impoferent quelque tems à l’évêque.
Milite s'appliquoit aux réparations de la grande égli-
fe : Julite prétendoit mener la vie contemplative.
L ’une &. l’autre s’étant attiré l’eftime des dames delà
v ille , en féduifirent un grand nombre 8c des hommes
même. L’évêque voyant que ces deux femmes
l’avoicnt trompé, prit confeil de fes chanoines, des
juges 8c d’autres perfonnes; & de leurs avis, ilpour-
fuivit fi vigoureufement ces hérétiques, que les uns
furent pendus, d’autres décapitez , d’autres brûlez,
d’autres bannis; d’autres étant morts dans l’erreur,
furent privez de la fepulture ecclefiaftiquc.
Innocent III. étant monté fur le faintfiege voulut
retirer Aquapendente d’entre les mains des habi-
tans d’Orviere; 8c comme ils luirefiftoient il les excommunia
, & retint leur évêque à Rome pendant
environ neuf mois pour leur faire honte. Mais durant
cette abfence de l’évêque un doéteur des Manichéens
nommé Pierre Lombard vint de Viterbé a
Orviete, avec quelques autres faux dofteurs.lls attirèrent
tant de feéfateurs, qu’ils préchoient publiquement
contre les catholiques : refolus s ils avoient
une guerre à foûtenir, de les chaiTer de la ville ; ôc
comme ellepaifoit pour imprenable , ils vouloient
y retirer les heretiquesquis’y refugieroient de toutes
parts, 8c en faire leur forterefle contre les catholiques.
Pour éviter ce malheur les catholiques
d’Orvietc s’aifemblercnt 8c envoyèrent des deputez
à Rome demander au pape un gouverneur qui les
fit rentrer dans fes bonnes grâces, ôc chaflat entie-
Tome XVI . H
A n. 119?.
Gefta Jnn. it.