
Ep. Si S.
Ep.ilo.
H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e :
" ou pauvreté ne peuvent paiTer a la terre-fainte, puif-
fent par votre permiflion retourner d ici chez eux,
fans perdre l’indulgence. Guillaume comte de Hollande
écrivit en même temps au pape en qualité de
connétable des croifez. Il dit qu après la prife d Al*
caçar, le feigneur de la place a reçu le baptême avec
cent autres ; Et j’efpere ajoute-til, quil convertira
une grande partie de l’Efpagne foumife aux Sarafins.
Votre fainteté fçaura qu’a notre occafion le roi. de
Léon & de Galice, le roi de Navarre, plufieurs évêques
&c plufieurs feigneurs de toute l’Elpagne fe font crûi-
fez contre les Sarafins du pais, &i ont rompu les treves
qu’ils avoient depuis long-temps avec eux. Ils nous
ont auffi prié inftamment de demeurer en Efpagne
l’été prochain, pour fervir Dieu avec eux contre ces
infidèles. Sut quoi je fuis prêt, très-faint psre, comme
fils d’obéiflance, d’executer abfolument vos ordres.
Le pape dans fa réponfe commence par de grandes
aétions de grâces à Dieu pour leur viéloire ; puis il
ajoûte. Comme nous ne voulons point que le fecours
de la terre-fainte foit retardé fous quelque prétexte
que ce foit : nous n’ayons pas cru devoir vous accorder
votre demande touchant les croifez, qui ne pouvant
aller à la terre fainte, voudroient retourner
chez eux, & néanmoins gagner 1
indulgence. De peur
que vous n’attiriez fur vous la çolere de Dieu, qui, a
ce que nous croïons, a accorde cette victoire a la dévotion
qu’ont les croifez pour la terre-fainte, Mais
tant qu’ils demeureront chez vous, ils gagneront l’indulgence,
comme s’ils mouroient dans la terre-fainte,
Cette lettre eft du douzième Janvier de l’année f e
yante jz i8,
L i v r e s o i x a .n t e p i x r.HUiTi;E’M;E. 45}
D ’un autre côté le pape reçût des nouvelles de l’état
de ja terre fainte par une lettre du maître des
Templiers, qui difoit : Au départ de ce courier il
étoit arrivé à Acre une multitude'innombrable de
croifez, tapt chevaliers que fergens de l’empire d’Allemagne
&'d’'autrjes/piû's...Sçphedin le grand fultan de
Babilone étoit allarmé de l’arrivée du roi de Hongrie,
&i des ducs d’Autriche & de Moravie. Il crai-
gnoit auffi la flotte des, Frifons, qui devoit arriver J
au premier jour *.-& fon fils Coradin matchoip vers,
notre frontière.-. Depuis plufieurs années nous ne
nous fouvenons point que les infidelles aient été
plus foibles qu’ils font à prefent. Les vivres font très*
chers, la moiiTona.été très-petite cette année, & le
bled qu’on attendoit d'Outrç-mer eft venu en très-
petite quantité : qn ne trouve; point de chevaux à
acheter. C’eft pourquoi vous devez confeiller aux
çroifez d’amener le plus qu’ils pourront de vivres &
de chevaux. Avant l’arrivée du roi de Hongrie, nous
avions réfolu de marcher vers Niples de Syrie, pour
combattre Gotadin, s’il nous attendoit : mais depuis
la venue de ces feigneurs, nous fommes tous convenus
d'attaquer par mer & par terre le païs de Babilone
; & d’affieger Damiete, pour aifurer notre marche
vers Je rufalcm. C’eft l’Egypte qui .eft ici nommée
la terre de Babilone.
Le pape Honorius aïant reçu cette lettre, aflem-
bla le clergé & le peuple de Rome dans la bafilique
du Sauveur, c’eft-à-dire l’églife patriarcale de Latran,
d’où ils allèrent en proèeffion à fainte Marie majeure,
nuds pieds, & faifant porter les chefs de S. Pierre &
S. Paul. C'eft ce que le pape témoigne dans une lectrç
L l l iij
A n . 1117.
XI.
Etat de la terreé
fainte.