
A N. 12.19.
IV. Epijl. 6$ 4.
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4 9 4 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
tous leurs befoins : puifque c’eft par le zele du faluc
des ames qu’ils ont embraiïé la pauvreté volontaire.
La lettre eft du huitième de Décembre 1119 . Par une
autre lettre du dix feptiéme du même mois le pape
accorda à Dominique & aux freres de fon ordre l’églife
de S. Sixte a Rome : mais ils n’y demeurèrent pas
long temps. Car l’eftime qu’avoit le pape de la capacité
de Dominique le lui fit choifir pour une oeuvre
qu’il jugeoit très-difficile ; fçàvûir de raffembler en
une maifon toutes les religieufes difperfées en diffe-
rens quartiers de Rome, afin qu’il fut plus facile de
les gouverner Si de les garder.O O Or il vouloit les mectre
à S. Sixte, Si transférer ailleurs les freres Prêcheurs.
Dominique n’ofa refifter à la volonté du pape,mais il
lui reprefentamodeftement qu’il nepouvoitfeulexer-
cer une figrande entreprife ; Si lepape lui donna,trois
cardinaux pour y travailler avec lui, fçavoir Hugolin
évêque d’Oftie, Etienne de Foife-neuve Si Nicolas
évêque de Tufculum.
ils trouvèrent une grande refiftance de la part de
toutes ces religieufes accoûtumées à une mauvaife
liberté. Toutefois Dominique étant allé au monaf-
tere de fainte Marie au-delà du Tibre, perfuada à
l’abbeiTe Si à routes fes filles, hormis à une feule ,
d’obéïr au pape & de quitter leur maifon, pourvu
qu’on leur permit d’emporter avec elles l’image de la
Vierge que l’on croïoit avoir été peinte par S. Luc ,
à laquelle non feulement ces filles, mais tous les Romains
avoienr une grande dévotion. Dominique accepta
la condition, mais il ajouta que déformais les
religieufes ne fortiroient plus pour voir leurs parens
ou faire d’autres vifites. Quand leurs parens Si leurs
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amis apprirent quelles en étoient demeurées d’accord
: ils entrèrent en fureur Si vinrent les quereller
durement, de ce qu’elles s’étoient biffé perfuader
par un inconnu, de quitter un lieu fi célébré ; Si ils
s’emportèrent contre le faint homme , le traitant
de charlatan Si d’impofteur. Enfin ils intimidèrent
tellement ces pauvres filles, que plufieurs fe repentirent
de leur bonne réfolution. Mais Dominique
leur remit l’efprit, enforre qu’elles promirent toutes
d’obéïr : après quoi il choifit quelques freres convers
prudents & vertueux pour garder le monaftere, Si
fournir aux foeurs toutes les chofes neceffaires : puis
il leur ôta toutes les clefs, & ne permit plus qu’elles
parlaffent à perfonne, même à leurs proches, fans
témoins.
Pendant qu’on travailloit aux réparations de la
maifon de S. Sixte pour la mettre à l’ufage des religieufes,
Dominique prêchoic un jour à S. Marc ; &
une dame Romaine nommée Goutta-done qui avoit
grande dévotion au faint homme, quitta pour entendre
le fermon, un enfant malade qu’elle avoit. A fon
retour elle le trouva mort, Si fans faire éclater fa douleur
elle prie avec elle fes fervantes Si porta fon fils à
S. Sixte, où Dominiquedemeuroitencore. Lamaifon
étant ouverte à caufe des ouvriers, la mere affligée
trouva le faint homme à la porte du chapitre, comme
s’il attendoit quelqu’un ; & aïant* mis l’enfant à fes
pieds, fe profterna devant lui fondant en larmes Si
le priant ,de lui rendre fon fils. Dominique touché
fenfiblement de compaffion, fe retira un peu, fe jetta
à terre , Si après une courte priere s’approcha de l’enfant,
fit fur lui le figne de la croix , Si l’aïant pris par
A n . 12.19.
XXXI.
S. Dominique
reflufeite deux
morts.
ibid.c. 3.