
ji>o H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
“ 7 de la paix avec le comte Frideric, qui s’y rendit aü/fi
1™ accompagné de fes deux frer.es , Thierri évêque de
Munfter & Engelbcrt élu évêque d’Ofnabrug, &
de pluiîeurs autres parens & amis. Pendant trois jours
de conférence on ne put trouver d’expedient qui
c-i- contentât Frideric : mais l’archevêque reçut une lettre
qui l’avertiifoit du deifein formé contre fa vie. Il
la lut à l’évêque de Minden, qui étoit prefcnt, &qui
lui dit : Au nom de Dieu, feigneur, foïez fur vos
gardes, non feulement pour votre intérêt, mais pour
celui de notre églife & de tout le païs. Il répondit :
Je fuis dans un grand embarras : fi je me tais, il m’arrivera
malheur; fi je leur déclare, ils diront que je
les calomnie : je remets déformais mon corps & mon
.4- ame à la divine providence. Il foula aux pieds la lettre
d’avis & la jetta au feù. Puis il entra dans fa chapelle
avec l’évêque de Minden & lui ficfaconfeffion générale
de toute fa vie avec abondance de larmes : c’étoit
auili pour fe préparera une dédicace d’églife qu’il devoir
faire le lendemain.
*■ s- Alors le comte Frideric, pour mieux cacher fou
mauvais deilèin, feignit d’accepter la paix propofée
par l’archevêque, qui lui dit : Mon coufin nous irons
ainfi ènfemble avec bien de la joie à la diete que le
„ roi doit tenir à Nuremberg. Le comte prit congé de
lui, & retournant à fes gens il leur donna fes ordres
pour l’embufcade & l’execution de fon deifein. C ’étoit
le vendredi d’après la Touifaints feptiéme jour
t. 6. de Novembre. L’archevêque marchant vers Suelme,
qui étoit le lieu dont il devoit dédier l’églife , reçut
encore quelques avis en chemin, qui ne l’empêche-
rent pas de continuer. Enfin comme le jour com-
L i V R E S O I X A N T E D I X - N E U V I E ’mE . S 9 i
mençoit à manquer il arriva au lieu de 1 embufcade
qui étoit un chemin creux au haut d’une montagne,
& le lignai étant donné, les gens de Frideric fe jette- c.j.
rent fur lui , & encouragez par leur maître lui donnèrent
plgfieurs coups d''épée & de, couteau , & le
laifferenc mort fur la place. La nuit même un chevalier
de fa fuite fit porter le corps à Suelme : mais le
curé ne permit pas de l’y mettre de peur de la; polluer
, parce qu’il étoit tout enfanglanté. On le porta s.
enfuiteau monaftere de Berg,ou il fut mis en dépôt ;
& en le lavant pour le revêtir, on compta fes plaïes
jufques au nombre de quarante-fept. Enfuite on le
porta à Cologne, où on le fit bouillir pour porter
les os à la diete : la tête étoit tellement fracaffée, qu’à
peine en. pût-on raffembler les pièces. Il fut tué la
dixième année de fon pontificat.
Le famedi quinzième de Novembre jour marqué
pour l’éledtion, Henri prévôt de Bonne fut élu archevêque
de Cologne par les foin? de Thierri archevêque
de Treves. Après qu’onT’eut mis dans la
chaire pontificale, les officiers du défunt archevêque
lui firent- leur plainte de fa mort, & mirent fur fes
genoux la chemife fanglante qui avpit été, trouvée
furie corps. Henri jura qu’il pourfuivroic toute fa
vie la vengeance decette mort ; & en effet il n y épargna
ni fa peine ni fon argent. Il alla à Francfort où
le jeune roi tenoit une diete , & y fit porter le corps
de fon prédeceffeur. On le prefenta au roi Henri Sc
aux feigneurs avec la chemile fanglante , & ceu^qui
marchoient devant le corps avoient l’épée à la main
félon la coutume, & crioient contre le meurtrier,
Frideric. Tous les affiftans furent touchez de ce
XII.
Henri a relieve-*,
que de Cologne*