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E p . r l 6 .
Hifî. Albig. c. 84.
Sup.l. lxxvu , n.
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tant à ceux qui feront ce voïage la remiffion de leurs
pechez. Il envoïa aufli en Provence & en Languedoc
Bertrand prêtre cardinal du titre de faint Jean
& faint Paul en qualité de légat , avec des lettres
aux archevêques d’Embrun , d’Aix , de Vienne , de
Narbonne & d’Auch,& aux évêques de ces provinces
, portant ordre de lui obéir. Le légat étoit chargé
non-feulement de ramener à l’églife les hérétiques
, mais d’arrêter le cours de la guerre & terminer
les différends entre les catholiques. Il avoit ordre en
particulier de tirer fatisfaéiion des Marfeillois , qui
opprimoient les ecclefiaftiques 5 & dans une procef-
fion folemnelle s’étoient jettez fur eux , avoient déchiré
leurs ornemens, rompu les croix , & foulé aux
pieds le faint Sacrement : ce qui les rendoit fufpedts
d’héréfie. Le légat avoit ordre , s’ils ne réparoient
ces infolences, de publier contre-eux excommunication
& interdit.
Arrivant en Provence , il trouva le païs révolté
contre le comte de Montfort. Car le jeune Raimond
fils du comte de Touloufe s’y étoit fait reconnoître
fous prétexte que le concile de Latran lui avoit re-
fervé une partie des terres de fon pere. Les villes révoltées
contre Simon de Montfort & contre l’églife,
étoient Avignon , Marfeille , Saint-Gilles, Beaucai-
re &Tarafcon : enforte que le légat Bertrand fut
obligé de demeurer au delà du Rhône à Orange, où il
étoit comme affiegé. Le comte de Montfort faifoit la
guerre dans le diocefe de Nîmes avec le fecours de
Girard archevêque de Bourges fucceffeur de S. Guillaume
& de Robert évêque de Clermont, qui s’étant
crcifez l’année précédente contre les hérétiques ,
avoient
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avoient amené des troupes de chevaliers & de fer-
gens comme on parloit alors , & s’en retournèrent
après avoir accompli les quarante jours de leur pèlerinage.
Le légat voulant voir le comte de Montfort, Si
conférer avec lui de l’affaire de la religion , vint près
de Viviers à un lieu fur le Rhône nommé le port S.
Saturnin , où le comte étoit déjà. Comme le légat
y étoit affis à la vùë du fleuve avec plufieurs clercs &c
laïques, les hérétiques tirèrent fur lui jufques à dix-
fept carreaux : ainfi nommoit-on certains gros traits
d’arbalête ; & un archer du pape en fut bleffé. Le
comte Simon de fon côté vint trouver le légat avec
beaucoup de joie 8 c d’empreffement , & lui rendit
tous les honneurs poflibles. L’avis du légat fut que
le comte pafsât le Rhône pour faire la guerre aux rebelles
de Provence : à quoi le comte obéit, fuivant en
tout les ordres du légat, qui paifa aufîi avec lui.
Cependant le pape Honorius écrivit au roi 4’An-
gleterre pour le confoler & le féliciter de ce qu’il s’é-
toit croifé afin d’accomplir le voeu du défunt : lui
promettant la proteétion du faint fiege , comme en
effet il prit très-vivement fes intérêts. Et premièrement
il écrivit au roi d’Ecoffe , qui s’étant joint au
prince Louis de France,lui avoit fournis le Northum-
berland. Le pape lui reproche d’avoir manqué à la
fidélité qu’il devoir au roi d’Angleterre fon feigneur
naturel, & à l’églife Romaine ; & l’exhorte à revenir
à fon devoir , nonobftant les fermens illicites
qu’il a faits à Louis. La lettre eft du dix feptiéme de
Janvier 11 17 . Sconen envoïa de femblablcs à plu-
fleurs feigneurs. Le pape écrivit aufli à ceux qui foù-
Tome X V I . K k k
A n . 1 1 17 .
vu.
Le prince Louis
quitte l’Angleterre.
1 . ep. l ¿4*
Rain. ». 67.
E p . 1 6 jfc