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A n. i i5>S. j e fyfeaux s’y trouvèrent auiîî, & ayant affemblé fis*
ifrjj ut. u .'f. clergé &le peuple de la ville on y fit une^enquêrede
ceux qui étoient publiquement diffamez comme
tt.xumt.f.i. fieretiques Poplicains; 3c on trouva que le doïen de
Nevers &c Rainald abbé de S. Martin de la même
ville avoient cette réputation, au grandfcandale
des Catholiques. C'eft pourquoi l’archevêque les
fufpendit de leurs fonctions, & leur aifigna un certain
jour pour venità Auxerre fedéfendre devant*
lui. Le doïen y comparut devant l’archevêque&les
deux évêques d’Auxerre&dcNevers,affiftez de plu-
fieurs jurifconfultes inftruitsdu droit civil &c duca-
noniquej&comme il ne fe trouva point d’accufateur
certain contre le doïen,l'archevêque fit d'office recevoir
& examiner les témoins pour&contre&publier
leurs dépofitions. Quant à l’abbé de S. Martin de
de Nevers , le prieur de fonéglifelechargeoit,non
feulement d’herefie,mais encored’adultere, & d’u-
fure & de quelques autres crimes, & étoit prêt à fe
porter pour accufateur : quand l’abbé appella au pape.
Mais l’archevêque, fans avoir égard à cet appel
fruftratoire, admit l’accufateur à produire fes témoins;
qui furent des chanoines de la même com-
munauté:car cette abbaïe eft de l’ordre de S. Auguf-
tin. Les informations étant ainfifaites l’archevêque
remit le jugement au concile, qu’il devoir tenir à
Sens avec fes fuffragans ; & y ajourna les parties.
A ce concile fe trouvèrent avec l’archevêque de
Sens les évêques de Troïes d’Auxerre & de Nevers;
& le doïen de Nevers s’y écant prefenté pro-
pofa quelques reproches contre les témoins 6e quelques
raifons pour fa défenfe puis demanda à êcr ft-
LlVR - E S o i XANT E-QUIN Z IE’MB. 1$
jugé. L’archevêque ayant délibéré avec les évêques
ne trouva pas la preuve affez claire pour le condam-
I ner d’herefie. Il ne voulut pas non plus recevoir la
I purgation canonique qu’il offrit.'pareequele fean-
I dale étoit grand contre lui,& qu’il étoit prouvé que
I nôn feulement il avoit eu familiarité avec les here-
I tiques,mais qu’il l’avoit recherchée. L’archevêque
I renvoya donc le doyen, comme ayant le pouvoir
I de difpenfer de la feverité des canons oudel’exce-
I der.L
’abbé de faint Martin deNeversfeprefentaauifi
I au concile de Sens, où aptes avoir propofé tout ce
I qu’il voulût il demanda le jugement; mais comme
I les prélats opinoient, fon avocat entra dans la cham-
I bre du confèil 6c réitéra l’appel au pape, que l’abbé
I avoit interjetté avant que d’entrer en caufe. Quoi
I qu’il ne fallut pas deferer à cet appel & que l’abbé fe
I fut retiré fecrettement, l’archevêque ne voulut pas
le condamner d’herefie : mais il le depofa de la charge
d'abbé, tant pour l’adultere que pour les autres
crimes prouvés manifeftement ; 6c les chanoines
de faint Martin en élurent un autre. Aurefte
l’archevêque envoya au pape les dépofitions des témoins
,par lefquelles il étoit prouvé que l’abbé Rainald
avoit foutenu deux erreurs , l’une celle des
Stercoraniftes, que le corps de notre Seigneur dans
l’euchariftie étoit fujet aux fuites deladigeftion :
l’autre que tous ferontàlafinfauvés fuivantla doc-
trine d’Origene. On voit ici la procédure que l’on
fui voit alors dans les jugements ecclefiaftiques^
Le doyen de Nevers alla à Rome , comparut devant
le pape Innocent, 8c fut oüi en confiftoire : in-
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