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Jofué VII»
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Les croifez J e tant
C. P.
Geftan. 8p* y i.
Rp. io i . ap.
Rainai, n» 13*
n o H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .'
Vénitiens ne veulent point être abfous, nous vous
permettons d’aller avec eux fur mer jufques a la terre
des Saraiins, ou à la province de Jerufalem , félon
que vous en ferez convenus ¡communiquant avec
eux, mais à regret & fous efperance de pardon. Autrement,
comme ils ont reçu de vous la plus grande
partie du prix de votre paffage,que vous ne pouvez
les obliger à reftituer : votre penitence vous feroit
préjudiciable , ôc ils profiteroient de leur opiniâtreté.
Mais quand vous ferez débarquez, fi les Vénitiens
demeurent excommuniez, vous ne combattrez
point avec eux: de peur quils n attirent fur
vous la colere de Dieu, comme Achan l’attira fur les
Ifraëlites. Or afin que les vivres ne vous manquent
pas nous écrirons à l’empereur de C. P. qu’il vous
en faffe fournir comme il vous l’a promis. Que fi on
vous les refufoit, puifque vous etes devoiiez au fer-
vice de J. C. à qui toute la terre appartient : il ne pa-
roîtroit pas abfurde que vous prifliez des vivres où
vous pourriez, feulement pour la neceffite • avec
deffein de fatisfaire, 8c fans nuire aux perfonnes.
Cette permiffion de vivre de pillage même en cepajs
ami eft remarquable : d’autant plus que le pape pre-,
tend l’autorifer par des exemples de l’écriture.
Cependant le pape aïant appris le traité que les
croifez avoient fait avec le jeune Alexis pour l’e-
tablir empereur de C. P. leur écrivit une lettre où il
die: Qjie perfonne de vous ne feflattequ il luiioit
permis d’envahir ou de piller la terre des Grecs, fous
pretexte qu’elle n’eft pas affez foumife au faint fiege,
Sc que l’empereur a ufurpé l’empire fur fon frere.
Quelque crime que lui ou fesfujetsayent commis,
L i v r e S o i x a n t e - q j i i n z i e ’m e . 12.1 . ^ \
ce n’eft pas à vous d’en juger; 8c vous n’avez pas pris ‘
la croix pour vanger cette inj ure, mais l’opprobre
de J. Ç. Nous vous exhortons donc 8c vous mandons
expreffement de ne vous pas tromper ; ni vous biffer
tromper par d’autres, pour faire, fous apparence de
pietéjCequitourneroitàlaperte de vos ames : mais
fans vous arrêter auxprétextes frivoles 8c aux neceflï-
tezprétendues, paffezaux fecoursdela terre fainte:
où vous prendrez fur les ennemis ce que vous feriez
peut-être obligez à prendre fur vos freres, fi vous
fejourriez en Romanie. Autrement nous ne pouvons
vous promettre le pardon.
Les croifez François 8c Vénitiens ne biffèrent pas
de pourfuivreleurentreprife. Avant que de quitter
Zara les Vénitiens en firent abbattre les murs 8c les
tours, 8c alors quelques-uns des plus grands feigneurs
François fe retirèrent de l’armée,fçavoir Simon comte
de Montfort, Gui ion frere, Simon de Naufle 8c
quelques autres avec l’abbé de Vaux-Sernai. Simon
de Monfortavoit fait fon traité avec le roi de Hon- fttr.hiji.Ai.
grie, chez lequel il pafla, puis en Poüille, 8c delà à la
terre fainte. Incontinent après Pâques, qui cette année
1103 . fut lefixiéme d’Aaril, l’armée des croifez
s’embarqua au port de Zara, Scféjourna trois'femai-
nes à Corfou: d’où elle partit le vingt-quatriémede v,lUn' i7*
May veille de la Pentecôte, 8c arriva à la vûë de C. P.
laveillede la S. Jean vingt-troifiéme de juin.
Quelques jours après l’empereur Alexis envoïa
aux barons croifez un gentilhomme Lombard nom- «.71»
mé Nicolo Roffi : qui leur dit : L’empereur fçair bien
que vous êtes les plus grands feigneurs qui foient
après les telles couronnées 8c du meilleur païs : mais
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