
A n . uaov ^ °nC ies efi chapitre, il leur dit : Je
fuis déformais mort pour vous: vôilà vôtre fuperieur
Pierre de Gatane , a qui nous obéirons vous &c moi.
Et fe profterfiant aux pieds de Pierre , il lui promit
dbéiffance & refpeét corfime m miniftre général de
i ’of dre. Mais les freres ne purent y confentir, &c voulurent
que tant qu’il vivroit aucun autre ne portât le
nom de miniftre, mais feulement de vicaire.
Pierre de Cataric voyant qu’il ne pouvoir fubvenir
aux beibins de tant freres qui venoient à la Portion-
çule , demanda a S. François s’il permettroit de refer-
ver quelque chofe des biens des novices qui fe pre-
ièntoient pour le foUlagement des autres. Le S. homme
repondit : Dieu nous garde de cette pieté , qui
nous rend impies à l'égard de nôtre réglé, par la con-
iîdèration des hommes. Que ferai-je donc , dit frere
Pierre ? François répondit : Dépouillez l’autel de là
Vierge de tous fes ornetitents. Dieu nous envoyera
de quoi rendre a fa mere ce que nous employerons
pour exercer la charité ; croyez fermement que la
Vierge aimera mieux voir dépoüiller fon autel, quç
de contrevenir à l’évangile de fon fils; & il eiî prit oc—
pafiôn de recommander fortement la fainte pauvreté,
Il ie trouya-là un des miniftres de l’ordre qui avoit
amaiïe plufieurs livres, & vouloit les garder, mais
avec la permiifion du Saint homme : il lui demanda
ce qu’il étoit permis à un frere Mineur d’avoir. François
répondit : Je l’cntens ainfi , qu’un frere Mineur
ne doit rien avoir qu’une tunique , une corde & un
calleçon ; & en cas de neceffité il peut porter des
fouliers. Le miniftre reprit : Que ferai-je donc des
Jjvf es que j’a i, qui en argent valent plus de quaran»
L i v r e s . o i x a n t e - b i x - h u i t i e ’m e . 503
te livres. Ce fero.it environ fepx cens francs de nôtre
monnoïe. François répondit : Mpn frere, je ne veux
pas à caufc de vos livres corrompre le Livre de l’évangile
i fuivant lequel nous avons promis de n ’avoir
rien en ce monde. Faites de vos livres.ee que vous
voudrez , ma permiifion ne vous fera point une oc-
cafion deficandale. Il difoit fou vent qu’un homme
n’a de' fcience qu’autant qu’il pratique le bien , &
que l’on connoît l ’arbre par les fruits.
On lui demanda s’il rrouvoitbon que les hommes
de lettres déjà reçus dans l’ordre yétudiaflent Récriture
fainte. Il répondit: Je lexrouvebon, pourvû qu’ils
ne manquent pas de s’appliquer à la priere à l’exemple
de J . C. dont .nous lifons qu’il -a prié plus que
-nous ne trouvons qu’il a lû. Et qu’ils n ’étudient pas
-feulement pour fçavoir comment ils doivent parler :
mais pour pratiquer ce qu’ils ont appris & lefaire en-
fuite pratiquer aux autres, i l difoit encore : Je ne
veux pas que mes freres foient curieux de fcience Si
•de livres : mais qu’ils fiaient fondez fur lafaintehu-
milité, la fimplicité , l’oraifon & la pauvreté nôtre
maîtreffe. Plufieurs freres bifferont ces vertus fous
prétexte d’édifier les autres hommes ; & il arrivera
que l’intelligence de Récriture par laquelle ils
croÿoienc fe remplir de lumière, de dévotiqn-& d’â-
mour de Dieu, leur fera une occafion de demeurer au
dedans froids & vuides. Ainfi ils ne pourront revenir
à leur premiete vocation pour avoir perdu darrs
une vaine & fauffe-étude le temps de vivre-félon leu-r
vocation. Il difoit encore : Plufieurs freres mettent
toute leur application à acquérir de la fcience, s’écartant
de l’humilité & de l’oraifon. Quand ils oi*s
A n . n i.® -
XXXVI.
Inftrùdions Î 4
S. François*
COII. Î$. Of'Afi*.
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Coll. 1 fy