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1 5 2 H i s t o i r e E g c l e s i a s t i q j î e î
guant les exemples de fes predecefleurs 8c la coutume
du pais. Il prit du tems pour dcliberer 8c prier Dieu
fur ce fujet: mais il ne put jamais fe refoudre à répandre
du fang , ravager des terres 8c enlever du butin.
Il promitde fuivrela coûtumepour ne la pas condamner
legerement, mais il n’en vint jamais à l'exécution,
il fe contentoitde prendre en particulier les
pecheurs endurcis , de leur faire de fortes reprimen-
des , les menacer de L’enfer, & de fon côté jeûner-
8c prier pour eux. Il en gagna plufieurs par cette
conduite, ils changèrent en refpeâ le mépris qu’ils
avoient pourluy auparavant; ils luiobéïffoient, ils--
recherchoient fon amitié , ils le notramoient le faine
archevêque. Ceux qui demeuroient dans leur endur-
cillement étoient regardez des autres comme des
reprouvez. On voit ici combien étoit enracinél’abus »
de mêler les peines temporelles avec les fpirituelles,
puifqu’un il faint prélat n’ofoit même le blâmer ouvertement.
Il fut extrêmement touché dé la mort dé deux prélats
qu’il aimoit tendrement, Geofroi archevêque
de Tours 8c Eudes évêque de Paris.Gcofroi avoit été
archidiacre de Paris 8c fuccedaàBarthelemi. dans le
fiege deTours en 1206. mais il nele-tint que deux ans.
8c mourut le vingt-neuvième d'Avril i 20B. 8c l’évê-
que de Paris deux mois 8c demi après. Ces deux prélats
étoient unisd’üne fainte amitié avec l'archevêque
de Bourges; dans les vifites qu’ils fie rendoient,
ilss’entretenoient du foin des âmes 8c du gouvernement
des églifes-
Saint Guillaume ne les furvêcut pas long-tems.La
veille de l’Epiphanie cinquième de Janvier n o j , il
L i v r e S o i x a n t e - s e i z i e ’ me ; 253
prêcha à fon peuple dans l’églife de S. Eftienne’ de
Bourges métropolitaine, quoiqu’il eût déjà la fièvre,
qui augmenta confiderablement par cette aétion :
d’autan t plus qu’il partait la tête nuë , fort expofé au
vent 8c par un grand froid. La fievre croiffant toujours,
le cinquième jour il demanda l’extrême-onc-
tion, & l ’ayant reçue il demanda auifi le viatique; 8c
pour le recevoir avec plus de rcfpeéL, il fe leva de fon
lit , alla au-devant, fe mitàgenoux fondant en larmes
, pria long-tems profterné les bras étendus en
croix , puis il reçut le corps du Sauveur: La nuit fui-
vante fentant fa fin approcher il voulut anticiper les
noëturnes , qu’il avoit coutume de dire à minuit ; 8c
ayant fait le ligne de la croix fur fes levies 8c fur fa
poitrine, à peine put-il prononcer Domine labia, mais
il ne put continuer. Les aflîftans achevèrent ; il fit Ligne
qu’on le mît à terre, on étendit de la cendre 8c
on le coucha deifus rev êtud’un cilice qu’il portoitfe-
-crctement ; 8c peu de tems après il rendit l’efprit.
C ’étoit le dixième dejanvier jour auquel l’églife honore
ia mémoire- Il avoit choifi fa fepulture à l’abbaïe
d’où il avoit été tiréimais fon clergé ni fon peuple n V
purent confemir, 8c il fut enterré à S. Eftienne de
Bourges.il avoit fait plufieurs miracles de fon vivant,
ôc il s’en fit encore un grand nombre à fon tombeau.
Pendantquelescroifezs’airembloientjlesdeuxlegats
Milon 8c Theodife vinrent à Montilli en Provence
8c y affemblerent plufieurs évêques- Milon leur demanda
comment il devoit fe conduire dans ¡’affaire
de la paix8cde la foi principalement à l’égard du comte
deTouloufe; 8c voulut qu’ils luy donnaient leurs
avis écrits 8c fcellez>fur certains articles dont l’abbé
I i iij
A n. 120? .
. X I. IV .
Àbiolution du
C. deTouloufe.
H fi; Albig c. U.:
Catel, comtes p,
*44*
Trocejïus. lib.
xii. ep.Inn. 1 1 1« •
fofi. epifi. 8 5. p. H6,lbid.p.y6 f. ■
tpi fie lOfi,**,'