
i6 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q j j e .
ufur.es aux croifés; & juiques à ce qu’ils les remet-,
cent, nous deffendons à tous les Chrétiens ious
peine d’excommunication d’avoir aucun commerce
avec eux , ni en marchandifes ni autrement. ,Ce qui
qui eft dit ici des ufures, n eft que pour en décharger
plus expreiTemenr les croifés, fans les autorifer 3
l'égard des autres. Le pape finit en exhortant les fidèles
à corriger leurs moeurs pour.appaifcr la colere
de Dieu, principalement .dans les pais d’outremer ,
où ils fie donnoient plus de licence qu’ils n’euifent
ofé faire dans leur païs natal. Cette lettre eft dattée
du ï,j. Août 1198. Ôc dans l’exemplaire adreffé à
l ’archevêque de Narbonne le pape lui donne com-
miffion à lui 8c aux évêques de Nifimes 8c d’Orange
de la faire executer 8c de prendre avec eux pour cet
effet un Templier 8c un Hofpitalier. Nonobftanc ce
qui eft porté par cecteletcre audéfavantage desjuifs,
le pape Innocent ne biffa pas l’année fuivante de
leur accorder à l’exemple de fes predeceffeurs la pro-
teétion du S. fiége. Défendant deles forcer à recc-
voir le baptême : de leur öfter leurs biens par violence,
ou changer leurs bonnes coùtumes : de les
troubler dans la célébration de leurs fêtes : d’exiger
d’eux des fervices nouveaux qu’ils ne doivent point;
enfin de retrancher de leurs cimecieres , ou déterrer
leurs corps. La lettre eft du 16, Septembre
1199- .
Quant aux deux cardinaux il envoya Soffrid à
Venife oü par fes exhortations le duc 8c plufieurs
du peuple fe croiferent. Le marquis de Mpnferrat,
l’évêque de Cremone 8c plufieurs nobles.deLom-
bardieen firent de même , avec une multitude innombrable,.
L i v r e S o î x a n t e - c j u i n z i e ’me. 1 7
innombrable du peuple. Le Cardinal Pierre de Ca-
pouëfut envoyé en France 8c chargé de trois affaires
importantes :de prêcher la croifade, de faire la
I paix entre la France 8c l’Angleterre, 8c d’obliger le
roi de France à reprendre Ingebarge fa légitimé
époufe. Quant à ce dernier article, le pape Celeftin,
qui d’abord avoit preffé le roi vivement, s’étoit relâché
fur la fin ; comme il a été dit : mais le pape
Innocent dès qu’il fût élù, avoit écrit à l’évêque de
Paris d’exhorter le roi à rentrer dans fon devoir; il
en avoit écrit au roi même 8c lui en écrivit encore
1 par le légat Pierre dè Capoüe, à qui il ordonna de
j mettre en interdit toutes les terres de l’obéïffance de
ee prince, s’il ne reprenoit Ingeburge dans un mois
après fon admonition. Ce légat n’arriva en France
I que vers Noël de la même année 1198.8c l’on y nom-
I moit en langage du tems maître Perron de Chapes char-
I donas de l'apoftolle. Cette année au mois de Juillet le
I roi Philippe rappella à Paris les Juifs contrel’opi-
I nion de tout le monde, 8c contrel’édit par lequel il
I les avoit chaffez au commencement de fon regne.
La même année on découvrit enNivernois plu-
I fieursheretiquesPoplicains,c’eft- à direManichéens,
I indiquez par ceux qui fe convertirent. Leur chef
I étoit un nommé Terric depuis long-tems caché à
I Corbigni dans une grotte fouteraine: d’où il fut tiré,
I convaincu 8c brûlé. A la Charité fur Loire plufieurs
I hommes très-riches s’étant abientez le jour qu’ils
1 avoient été citez comme heretiques, furent excom-
I muniez 8c livrez au bras fcculier.Comme cette ville
I eft du diocefe d’Auxerre,Michel archevêque deSens
I s’y rendit à la priere de l’évêque. Ceux de Nevers 8c
Tome XVI. C
A n. 1198.
». 47,
». JO.
f u p t l i v . LX X ÏY *
»• 57»
1. epifl. 4« 171«
e p . 3 4 8 .
ep- 447*
Rigord.pag» 4**
Ville -hard.
Rigord. p. 4.1Î
ßp. liV. LXXtIIc
n. 41.
VII. _
Concile deSem
Manichéens.
Ch r. Rod% Au~
tif. ii ? 8 .