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rantainedanslafolitude, il defcendit de la montagne
à la S. Michel, & Dieu confirma l'imprcifiori miracu*
leufe de fes ftigmates par plufieurs autres miracles.
Dans la province de Rieti s’étoit étendue une
maladie contagieufe qui faifoit périr les moutons &
les boe ufs, fans qu’on y pût apporter aucun remede.
Un homme craignant D ieu, fut averti en fonge d’aller
promptement à l’hermitage des freres Mineurs où
François demeuroit alors, de prendre de l’eau où il
auroit lavé fes mains & fes pieds, & d’en afperger
tout le bétail. Le matin il vint à l’hermitage ; & aïant
obtenu fecretement de cette eau par les mains du
compagnon du fain t, il en arrofa les beftiaux malades
& couchez par terre. Dès que la moindre goûte
les avoit touchez, ils fe levoient vigoureux & cou-
roient aux pâturages: ainfi toute la maladie ceffa. Au
tour du mont Alverne avant que le faint homme y
dem eurât,la grêle formée d’un nuage qui s’élevoit de
la montagne gâtoit ordinairement les fruits delà terre
: mais depuis l’apparition du chérubin cette grêle
ceffa , au grand étonnement des habitans. L’hiver
fuivant François voi'ageoit monté fur l’âne d’un pauvre
homme, à caufe de fa foibleffe & de la rudeffe des
chemins : la neige & la nuit qui approchoit l’obligc-
rent de demeurer fous une roche, où il s’apperçût
que ce pauvre homme qui l'accompagnoit fe plai-
gnoit & i fe tournoit de côté & d’autre , ne pouvant
repofer parce qu’il étoit vêtu legerement & le froid
■très-rigoureux. François étendit le bras & toucha fon
guide de fa main percée :aufli-tôt il felentit tellement
échauffé dedans & dehors, qu’il dormit plus doucement
entre ces roches & ces neiges qu’il n’avoit jamais
L i v r e s o i x a n t e -d i x -n e u v i e ’m e . 5 7 7
mais fait dans fon lit comme il l’affura depuis.-
Quelque foin que prit François de cacher fes ftig-
m ates, il ne pût empêcher que l’on ne vit ceux des
mains ôc des pieds: quoique depuis ce temps-là il marchât
chauffé &c tint prefque toûjours fes mains couvertes.
Les ftigmates furent vus par plufieurs de fes
confrères, qui bien que très-dignes de foi par leur
fainteté , l’aflurerent depuis par ferm ent, pour ôter
tout pretexte d’en douter- Quelques cardinaux les
virent par familiarité qu’ils avoient avec le S. homme
: ils ont relevé les ftigmates, dit S. Bonaventure,
dans les profes , les hymmes & les antiennes qu’ils
ont publiées en fon honneur ; & ont rendu témoignage
à cette vérité de vive voix & par écrit. Enfin le
pape Alexandre IV. prêchant au peuple en prefence
de plufieurs freres & de moi-même , affura que pendant
la vie du S aint, il avoit vû fes facrez ftigmates
de fes propres yeux. Ge font les paroles de S. Bonaventure
dans la vie de S. François d’où j’ai tiré tout
ce récit. Il ajoûte : A fa mort plus de cinquante freres
les virent, & lapieufe vierge Claire avec fes foeurs
& une multitude innombrable de feculiers , dontplu-
fieurs les baiferent 6c les touchèrent de leurs mains,
pour plus grande certitude.
Quant à la playe du côté il la cacha fi bien que de
fon vivant, perfonne ne la put voir qu’à la dérobée,
U n frere qui le fervoit nommé Jean de L o d i, lui
ayant perfuadépar un pieux artifice de tirer fa tuni-^
que , fous pretexte de la fecouër; vit cette playe , regardant
attentivem ent, & en reconnut la grandeur
en y appliquant legerement trois doigts. Frere Elie
oui étoit alors fon vicaire la vit par un femblable ar=-
Tome X V I , D d d d
A n . 12.2.4.