
¿ 4 0 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
corrompu , qu’une grande partie non feulement du
peuple, mais encore des nobles & des feigneurs y font
morts de pefte, de fpif, de chaleur & d’autres inçom-
moditez ;entr’autres l;es évêques d’Angers & d’Auf-
bourg. Une grande partie s’en retournait malades
ont péri dans les chemins, les bois, les montagnes,
Les autres fe font embarquez, en aïant à peine obte«
nu la permiflion : quoiqu’il n’y eût pas de bâtimens
fuffifans pour le tranfport ; & ils ne l’ont fait qu’à I4
N. Dame, lorfque le temps ordinaire du retour étoit
proche. Ils fe font doneexpofezau péril pour l'amour
de J- C. croïant que l’empereur les fuivroit inceifam-
ment. Mais lui, méprifant la dévotion de ce peuple ,
fes promefles & les cenfures de leg life , eft retourné
aux délices ordinaires de fon roïaume fous un vain
prétexte de maladie.
Confiderez donc quelle eft la douleur de l’églife
Romaine de fe voir fi cruellement trompée par un
fils qu’elle 3 élevé dès le berceau &c comblé de tant
de bienfaits, & en qui elle a mis fon efperance pour
cette entreprife. Afin de ne lui pas donner occafion
de s’en détourner , elle a diiïimulé les exils des prélats,
les fpoliations, les prifons & les maux fans nombre
qu’il a faits aux églifes, au clergé & aux religieux
: fans compter les plaintes des peuples & des
nobles du patrimoine de l’églife. Le pape conclut en
déclarant que l’empereur Frideric a encouru l’excommunication
à laquelle il s’eft volontairement
fournis, & menace de procéder plus rigoureufement
contre lu i, fi fa contumace l’exige, c’eft-à-dire de la
dépofer de l’empire. Telle eft la lettre du pape Gre-;
go ire ,
l ’empçreujE
L i v r e s o i x a n t e -d i x -n e u v i è m e , ¿ 4 1
L’empereur Frideric ne demeura pas tans réporife : T ~
■ / H mais .étant revenu a HCa poue•• au mea me moi• s dj e No- A n . 1 1 1 7' .
vembre, il écrivit aux princes d’Allemagne une gran - Apuiogl1' de
de lettre, où reprenant toute la fuite de fa vie , il
ramaifoit tous les fujets de plaintes qu’il prétendoit p.y.4.
avoir contre les papes : d’avoir diminué fon roïaume
fous prétexte de le conferver, d’avoir élevé Otton à
l’empire à fon préjudice & le refte que nous avons
déjà vû. Il s’exeufoit de ne s’être point embarqué
cette année fur la notoriété de fa maladie ; & prétendoit
mériter plutôt récompenfe de la part de l’églife
que punition , à caufe des avances qu’il avoit déjà
faites pour le fecours de la terre-fainte. Enfin il fe
plaignoit de ce que le pape n’avoic pas voulu recevoir
les exeufes qu’il lui avoit propofées par fes en-
voïez. Ilenvoïaces mêmes exeufes à Rome par un x. s. Ger.-?. 1.
do&eur nommé Roffrid de Benevent, qui les fit lire
publiquement dans le capitole du confentement des
Romains. L’empereur écrivit aufli à tous les rois $c ? M«ub. imf,
les princes Chrétiens, foutenant qu’il ne s’étoit pas '
défifté de fon voi'age pour des exeufes frivoles comme
le pape lui imputoit fauiTement, mais à caufe
d’une très-grande maladie , dont il prenoit Dieu à
témoin ; & affuroit qu’aufli-tôt qu’il auroit recouvré
fa fanté, il accompliroitfon voeu d’une maniéré convenable
à la dignité impériale.
Dans la lettre au roi d’Angleterre il difoit : L’é-
glifé Romaine brûle d’une telle avarice, que les biens
ecclefiaftiques ne lui fuffifant plus, elle n’a pas honte
de dépoiiiller les princes fouverains & fe les rendre
tributaires. Vous,en avez un exemple bien fenfible
en votre pere le roi Jean, Vous avez celui du comte
Tme X F I , Mmmin,