
A n iz i ^ ^ P P P ^ rendic, & fie revenir la reine Ingeburge
I?‘ du château d’Eftampes, où il la tenoit enfermée ; Sc
cette réconciliation caufa une joïe univerfelle dans
le peuple.
Rix‘u l;M La même année Geofroi évêque de Senlis ne fe
trouvant plus en état de remplir fes -devoirs à caufe
de fon grand âge & de la pefanteur de fon corps*
renonça à fon fiege qu’il avoit rempli trente ans durant
: après toutefois en avoir obtenu la permiiTion;
du pape, félon qu’il eft ordonné par le droit. Ce font
les paroles du moine Rigordhiftorien du temps. L’é-
vêque Geofroi fe retira dans l’abbaïe de Chailli fituée
dans fon diocefe. Il eut pour fucceifeur frere Guerin
chevalier profès de l’hôpital de Jerufalem chancelier
ou plutôt garde des fceaux du roi Philippe, qui avoit
une telle confiance en lui pour fa prudence & fes autres
vertus, qu’il tenoit prefque le fécond rang dans
le roïaume. Il manioit les affaires d’état avec grande
intégrité, & bien que laïque il.procurait avec grand;
foin l’avantage des églifes. Dans le même temps l’é-
vêqùe de Meaux nommé auili Geofroi renonça ài.
l’épifcopat & fe retira à faint Vi&or de Paris. Som
abftinence étoit telle que pendant l’a vent & le carême
il ne mangeoit que trois fois la femaine. & ne-
buvoit point r dans le relie du temps il ne prenoit
que rarement delà nourriture & encoretrès-infipide.
Igf chr' ‘°,i:' Son fucceifeur fut Guillaume chantre de l’églife de
Paris, qui avoit deux freres évêques, Eftienne de
Noion & Pierre de Paris auparavant tréforier de
Tours. Ces trois évêques étoient fils de Gautier de-
. xxv; % Nemours chambrier de France. Le roi Jean le' »end vai&r du Jean roi d’Angleterre étant averti de l’armement'
fap8r du
L i v r e so t x a n t e -d i x -s e p t i e ’m e . 3 4 ;
du roi de France, fit de grands préparatifs de fon
côté tant par mer que par terre & affembla foixante
mille hommes de bonnes troupes, aïant d’ailleurs une
flotte fuperieure à celle de France : mais pendant qu’il
fe préparait ainfi à bien recevoir le rai Philippe, arrivèrent
à Douvres deux Templiers, qui le vinrenc-
trouver & lui dirent : Nous venons, grand roi, de la
part de Pandolfe foudiacre & domeftique du pape ,
qui vous demande une conférence, pour vous proc
pofer le moïen de vous reconcilier à l’églife. Le roi
envoïa les Templiers pour amener inceifamment
Pandolfe, qui étant venu à Douvres, dit au roi jean:
Voilà le roi de France à l’embouchure de la Seine
prêt a vous chafler & à s’emparer de votre roïaume
par l’autorité du pape. Avec lui viennent tous les évêques
Sc les autres tant clercs que laïques qui ont été
chaffez d’Angleterre, efperant qu’il les fera rentrer
malgré vous dans leurs'fieges & dans leurs-biens. If
fe vante d’ailleurs d’avoir des lettres de prefque tous
les feigneursd’ A ngleterre, qui lui promettent fidélité.-
Songez à vos intérêts du moins en cette extrémité :
appaifez Dieu juilement irrité, foumettez-vous à
l’églife ; & le pape vous rétablira dans le roïaume
qu’il vous a ôté.
A ce difeours le roi Jean fut pénétré de douleur ,
& fe trouva dans un embarras terrible : voïant les
périls qui le menaçoienr de toutes parts. Il étoi’t excommunié
depuis cinq ans & chargé de-tant de crimes,
qu’il defefperoit- prefque de fon-falut-. Il voïoie
le roi de France prêt à entrer dans fon roïaume pour'
l’en chaffer ; & s’il en venoit à une bataille , il crai-
gnoit d’être abandonné par les1 feigneurs d’Angle--
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