
1 au-deffus de tous les autres; & diioic qu'on avoiÊ
rendu à Dieu un fer vice plus agréable que il on avoic
repris Jerufalcm, puifque C. P. cil à prefenc dévoilé
à l’églife Romaine 8c à la terre fainte, après
avoir été ii long-cems une fi puiiTante adverfaire de
l'une 8c de l’autre.Car c’eil elle qui a fait fouvent avec
les infidèles de funeiles alliances , & les a foutenuës
en leur fourniflant des armes, des vaifîeaux 8c des
vivres:au concraire toutes les nations Latines fçavenc
comment elle a traité les croifez. C’eil cette ville qui
en haine du Saint ficge, pouvoir à peine entendre le
nom du prince des apôtres, 8 c n’accordoit pas une
feule églifechez les Grecs, à celui qui a reçu du Seigneur
la primauté fur toutes leséglife. C’eil elle qui
n’honoroitj. C. quepardes images, & qui entre les
cérémonies facrileges qu’elle avoir inventées au mépris
des écritures , ofoit le plus fouvent réitérer 1©
baptême. C’eil elle qui nommoit tous les Latins des
chiens & non des hommes; 8c fe faifoit prefque un
mérite de répandre leur fang. Leurs moines ne leur
impoioient aucunepenitence pour ce fujet; car ces
moines quoique laïques ; avoient au mépris des prêtres
toute l’autorité de lier &c de délier. Ce font ces
crimes Si une infinité d'autres que la juitice divine a
puni par notre miniilere.
Après avoir loüé la bonté, la fertilité 8c la beauté
du païs nouvellement conquis , il ajoûte : Nous
vous prions doncinilamment d’exciter les habitans
d’Occidcnt nobles ou non, de toute condition & de
toutfexe, à venir prendre poifeifion des vrayes ri-
cheifes temporelles Si éternelles, en leur propofanc
l’indulgence. Engagez en particulier les ecclefiafti-
L i v r e S q i x a n t e -s e i z i e ’ m e . i y ?
ques 8c les religieux de quelque inilitut que ce foie N,I104*
d’y exciter le peuple par leurs prédications, 8 c de
venir eux-mêmes à grandes troupes en ces lieux fi
agréables 8c fi abondants. Il feroit auffi de la gloire
de Dieu , de la vôtre 8 c de l’utilité de l’églife, fi
vous convoquiez un concile général à C. P. qui a été
honorée de plufieurs anciens conciles, 8c fi vous l’au-
torifiez par vôtre prefence.âuifi-bien avons-nous appris
que vous avez déj a invité la Grece rebelle à un
concile, pour la ramener à l’unité. En voici le tems
favorable: fpu venez-vous de Vos faints prcdeceffeurs
Je an , Agapit,Léon & les autres qui ont vifité en
perfonne l’églife de C. P. & fi ceux qui difent l’avoir
ludans vos archives, ne nous trompent pas, vous
trouverez qu’ils y font venus pour des caufes bien
moins importantes. Il finit en rendant témoignage à
la bonne conduite du clergé de la croifade, 8 c recom-
mandant au pape le duc Henri Dandole & les Veni- ü t l 10- Dui4
i i> i • / c»ejn$ to. 4. f* tiens. Cette lettre de l’empereur Baudouin etoit cir- »78:
eulaire,8c fut envoy ée à Aldophe archevêque de Cologne
, 8 c en général à tous les fideles, en retranchant
ce qui regardoit particulièrement le pape.
Le pape Innocent réponditàl’empereur Baudoüin
par une lettre dattée de Rome le feptiéme de No- z°.
vembre: où il dit qu’ayant reçu fa lettre il s’eil réjoui
des merveilles que Dieu a opérées pour fa gloire 8c
pour l’utilité du faint fiege. Il promet de donner tous
les foins pour conferver 8 c augmenter la dignité du
nouvel empereur. Enfin il exhorte à maintenir l’églife
Grecque 8c l’empire de C. P. dans l’obéïflanee m- el¥- h *
de l’églife Romaine. Le treizième du mêmemois il *
écrivit aux évêques, aux abbez, Si à tout le clergé
1
IO4. ».
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