
An. 1 10 1.
XL VII.
Les croifez à
Venife.
Ville-Hard. n.
'14*
Gunther. hijl.
C .P.t. j ,Canif.
P- 3S6.
n o H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
ombres incorporelles, & que quand N. S. entra les
portes fermées, ce n’étoit point un miracle, mais la
nature du corps reifufcité. Ils accufoient même les
catholiques de dire que l'humanité de J. C. étoit
fondue dans la divinité en la faifant incorruptible.
Nicetas ne dit point quelle fut la fin de cette dif-
pute , mais feulement que l’empereur Alexis tenoit
lé bon parti.
Cependant les François croifez commencèrent à
fe mettre en marche vers la Pentecôte qui cette année
iz o ï. fut le fécond jour de Ju in , ôc ils s’aifem-
blerent à Venife. Il y vintauifi une troupe de croifez
Allemans conduite par Martin Litz abbé de Paris
monaftereau diocefe de Balle de l’ordre de Ciileacx.
Cet abbé avoit commencé à prêcher la croifade à
Balle par commiilion du pape en même tems que
Foulques deNeüilli la prêchoiten France ; ô&ayant
par les exhortations aifemblé grand nombre de croi-
lez , il leur marqua le tems de leur départ 8c le lieu
du rendez-vous. Quand le terme fut proche il alla
à Cifteaux demander aux principaux abbez de l’ordre
fon congé ôc leur benediibion pour fon pèlerinage;
puis étant parti de Balle avec fa troupe? ils p at
ferent la vallée de Trente , ôc fe rendirent à Verone
étant par tout reçus favorablement Sc principalement
l’abbé qui les conduifoit. A Verone ils rencontrèrent
grand nombre d’autres croilez venus de divers
païs ; Sc s’étant joints avec jore,ils vinrent tous
à Venife dans. le delfein de s’embarquer ôc paifer
droit en Egypte, pour ne pas rompre la trêve que les
Chrétiens de Paleiline avoient avec des infidèles.
En même temspartit de Flandres une flottecon-
L i v r e S o i x a n t e - q u i n z i e ’ m e . I I I
duite par Jean de Néele chaftelain deBruges, qui
promit au comte Baudoüin de paifer le détroit deGi-
bra'lrar ôc defe rendre à Venife ; mais il manqua de
parole auilfbien que plufieurs autres croifez tant
Flamans que François, qui prirent d’autres routes.
Delà vint ladivifion entre ceux qui étoient àVenife:
car après qu’ils eurent payé leur part de ce qu’ils
avoient promis auxVenitiens,il s’en falloitbeaucoup
de la fomme totale; ôc les Vénitiens de leur côté
avoient fourni entièrement les vaiffeaux &c les vivres
qu’ils avoient promis. Ainfi une partie des croifez
difoient : Nous avons payé nos paifages Ôc fom-
mes prêts à partir;mais s’ils ne veulent pas nous mener
, nous irons ailleurs. Les autres difoient, qu’il ne
falloit point feparet l’armée,mais s’embarquer àVe-
nife à quelque prix que ce fût. Geparti 1 emporta ;
auffi étoit-ce celui du comte de Flandres,du marquis
de Montferrat ôc des principaux feigneurs. Ils donnèrent
leur vaiffel d'or ôc d’argent ôc tout ce qu’ils
purent emprunter-, Ôc encore manqua-t’il à la iom-
me convenue de trente-quatre millemarcs d’argent.
Mais le duc de Venife voïant qu’ils avoient fait
tout leur poifible , leur propofa pour s’acquiter du
refte, d’aider aux Vénitiens à reprendre Zara en Ef-
clavonie,qui leuravoit été ôtée par le roideHongrie.
Les croifez l’accordèrent,nonobftantla refiftance de
ceux qui voulaient feparer l’armée; ôc le Duc Henri
Dandolè, quoique vieux, infirme ôc aveugle, fe mit
à la fêce de cette entreprife,fe croifa,Ôcaveçktigrand
nombre de Vénitiens.Le pape avoit envoyé à Venife
le cardinal Pierre de Capoüè en qualité de légat,pour
accompagner les;croifez àjla terre fainteavecSuffred
A n. iaoi.
Gefialnn.n.%p,