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un grand arbre; Sc crue qu’elle iignifioit ce pauvrë
qu’il avoir rejette, il le fit chercher amener en fa
prefence ; 8c après l’avoiroüi parler,comme il étoit
éclairé , il vit en cet homme une merveilleufe fim-
plicité accompagnée de pureté de coeur, de fermeté
dans fa refolution, & d’un zele ardent. Il le prit en
affeôtion, 8c il inclinoit à lui accorder fa demande: :
mais il différa, parce que quelques cardinaux trou-
voient en cet inftitut quelque choie de très-nouveau
Sc au deilus des forces humaines.. Alors l’évêque de
Sabine dit au pape Sc aux autres cardinaux : Si vous >
rejettez la demande de ce pauvre homme, prenez garde
que vous nerejettiezl’évangile, puifque la forme
de vie dont il demande la confirmation, n’eit autre
chofe. Car de dire que la perfeétion de l’évangile,,
ou le voeu de l’accomplir, contient quelque chofe de
déraifonnable ou d’impoifible, c’eftblasfemer contre
J : C. auteur de l’évangile. Le pape touché de cette rai-
ion, fe tourna vers François, Sc lui dit ■: Priez Dieu,
mon fils, qu’il nous faiTe connoître fa volonté par
vous. Le S. homme pria , Sc après avoir encore entretenu
le.pape , il lui perfuada d’aprouverfa réglé.
Cette approbation par le pape Innocent III. ne fut:
que de v ive voix , il la donna l’an n io .
C’eit à peu près le tems auquel Albert patriarche
Latin de Jerufalem donna une réglé aux Carmes, de
l’origine defquels voici ce que l’on connoît de plus
certain. Jean Phocas moine Grec de l’ifle de Patmos
qui vifita les SS. lieux en 1185. finit ainfi la relation
de fon voyage: Sur le mont Carmel eil la caverne'
d’Elie, où étoit autrefois un grand monaftére, comme
on voit parles reftesdes bâtimens: maisilaété
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ruiné par le tems 8c par les incurfions des ennemis.
Il y a quelques années qu’un moine prêtre & portant
des cheveux blancs, vint de Calabre, 8c s’établit eu
ce lieu par révélation du prophète Elie. Il fit une petite
clôture dans les ruines du monaftere, y bâtit une
tour & une petite églifc, Sc affembla environ dix fre-
res avec lefquels il habite maintenant ce faint lieu.
Ainfi parle Jean Phocas témoin oculaire ; 8c le moine
Gunther dans la relation du voyage de Martin abbé
de Paris prés de Bafle, en rend un femblable témoignage.
Albert évêque de Verceil étant devenu patriarche
de Jerufalem, comme j ’ai dit, donna vers
l’an 1 iop. une réglé de ces ermites dont leiuperieur
étoit alors un nommé Brochard. Cette réglé confifte
enfeize articles, où l’on voit qu’ils demeuroient chacun
dans une cellule feparée , que celle du prieur
étoit à l’entrée de leur clôture Sc l’églife au milieu.
Que quelques-uns d’entre-eux ne fçavoicnt pas lire,
Sc que ceux là dévoient dire un certain nombre de
Pater pour chaque heure de l’Gffice. Ils doivent entendre
la meife tous Içs jours autant qu’il iepouvoït :
ils ne mangeoient jamais de viande, 8t jeûnoient
depuis l’exaltation de la fainte Croix j.ufques à Pâ- <
ques. Albert leur recommande particulièrement le
travail continuel & le filence. Tel fut le commencement
des Carmes, qui fe répandirent enfuite dans-
toute l’Eglife Latine.
La lettrequi contient cette réglé eil dattéed’Acre,
qui étoit la refidence du patriarche auffi-bien que du
roi de Jerufalem , qui étoit alors Jean de Briene. Car
la reine Ifabelle étoit morte , laiffant le droit du
royaume à fa fille aînée Marie, qu’elle avoit eue de
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An. i z i o .
Sup. liu, LX X V*
n» 49,
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Royaume de
Jerufalem.
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