
— • gg H i s t o i r e E c c l e s i à s t i q u f i
n o i . s’aflembla de nouveau. le roi avoit plufieurs avocats
qui parloient pour lui : mais il n’y avoit plus perfonne
pour la reineIngeburge , quand un pauvre
clerc inconnu s’éleva dans l’aifemblee, Sc par la per-
miffion du roi Sc des cardinaux plaida la caufe de
cette princeife fi doétement, qu’il fut admiré de tout
le monde. Le cardinal Jean de S. Paul ne trouvoit
point de caufe de feparation, ôc étoit prêt à prononcer
définitivement en faveur du mariage: de quoi le
roi étant averti, il partit de grand matin fans prendre
congé, emmenant Ingeburge, Sc manda aux prélats
qu’il la tenoit pour fa femme, & ne vouloit point
en être feparé. Les cardinaux Sc les évêquesfort iur-
pris furent obligez de fe retirer, Sc ainfi finit le concile.
Mais le roienferma Ingeburge au château d’E-
•tampes,où il lui fournifloit fuffifamment fa fubfif-
tance, Sc fans permettre qu’elle en fortit,ni que perfonne
y entrât pour la voir que rarement. Le pape
ne cefla point de la confoler par fes lettres Sc par ceux
qu’il envoïoit lavificer : & continua d’agir auprès du
roi pour la faire traiter félon fa dignité,
xxxiv. il y avoit à Paris quatre fameux profeifeurs en
théologie, Guillaume, R ichard, Evrard, Sc Manaf-
iés : non moins recommandablés par leur vertu que
par leur dodrinê. Un jour comme ils s’entretenoient
des récompenfes & des peines éternelles, Guillaume
dit : En étudiant le prophète Ezechiel j’ay vû devant
moi iufques à trois fois un grand jdUxnc. > i . r y , . arAb re b,e, au Sc brillanc,
dont les branches lemoloient erre 1 ornement
du monde. Les trois autres dirent qu’ils avoient auflï
vû plufieurs fois un arbre femblable ; Sc après en
avoir mûrement délibéré avec plufieurs autres doc-
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t e u r s , i l s c r u r e n t être appeliez à inftituerunnouvel
ordre religieux. Ils réfolurent donc de tout quitter &
d’aller fe 'confiner dans quelque folitude. Ils partirent
en 1 2.01 . Sc arrivèrent aux confins de la Champagne
Sc de la Bourgogne, dans une vallee profonde
Sc fauvage environnée de hautes roches , ou ils découvrirent
une fontain : que perfonne n avoit encore
apperçuë. Enfuiteils allèrent trouver Guillaume de
Joinville alors évêque de Langres Sc depuis archevêque
de Reims; Sc le prièrent de leur donner en au-
mâne une partie de cette vallée, qui appartenoit à
fon églife. Lévêque la leur accorda volontiers ; Sc-
ils bàtirenc de pauvres cellules, où ils commencèrent
à pratiquer la régie de Saint Auguitin fuivant
l’ufagedeS. Viétor de Paris. Quatorze ans après Fri-
deric doéteur en décret & archidi acre de Chaalons-
étant élû évêque de la même vil le y renonça pour fe
joindre aux quatre doéteurs. Lameme annee i r i j .
au mois de Septembre l’évêque de Langres confirma
le-nouuel inftitut ; Sc trois ans aptes il le fit confirmer
par le pape Honorius. Les cinq premiers doéteurs
virent avant que de mourir jufqu a trente-fept eco-
liers aifemblez ; Sc ce fut l’origine d’une congrégation
de chanoines réguliers, que 1
on nomma du Val *
des écoliers.
L’an iz o ï.le légat Oétavien tint un concile à Pâ- c* j \ . üvraud hero
fis à 1 occafion d’un chevalier nomme bvraua ,-a qui tique à -
Henri comte de Nevers avoit donné le gouverne-
ment de fa terre. C’étoit un homme fort habile dans Auttf.
les affaires, mais qui s’étoit rendu odieux en opprimant
le peuple; Sc il fut accufc devant le légat de
tenir l’herefie desBulgares:car c’eit-ainfi qu'on nom<