
A n. 12.0p.
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Premiers difei-
plesdeS. François.
Sup. n. 8.
Vita per .S. Bo-
nav» c. z.
270 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
logien nommé maître Alexandre Maflbn, qui par Tes
confeils i’excitoit encore à la cruauté. Il difoitquece
fléau n’étoitpas venu iur l'Angleterre par la faute du
roi, mais à caufe des pechez du peuple, Sc que le roi
étoit l’inftrument de la colere de Dieu établi pour
gouverner fes fujets avec la verge de fer. Il prouvoit
par des argumensvrai-femblables queles biens tem-
porelsdes roisni des autres feigneurs, ni le gouver-
nementde leurs fujets ne regardent point le pape.,
puifque S. Pierre n’a reçu de N. S. que la puiflance
fur l’églife.llavoit tellement gagné les bonnes grâces
duroiparcesdiicours, que le roi lui avoit fait obtenir
par violence plufieurs bénéfices : mais le pape
étant informé de fes maximes, le fît dépoüiller de
tout; enforte qu’il futreduit à.mandier fon pain de
porte en porte.
Depuis quatre ans que S. François s’étoitdonnéà
Dieu,il avoit faitdegrands progrèsdans la perfeéfion
Après qu’il eut renoncé à tout en prefence de l’évê-
qued'Aifîfe,il fortit de la ville & s’en alla dans les
bois chantant à haute voix les loiiang.es de Dieu.
Il vint à un monaftere voifin, où il demanda l’aumône,
Sc on la lui donna avec mépris comme à un
inconnu : puis il vint àEugubio, où un de fes anciens
amis l’ayant reconnu , le reçût chez lui Sc le
revêtit d’une pauvre tunique. Alors il fe mitàfervir
les lépreux, il leur lavoit les pieds, bai foi t Sc ban-
doit leurs ulcérés, s’excerçantainfi àl’humilité.Mais
fe fouvenant de l’ordre qu’il avoit teçû de N. S. lorf-
que lui parlant de la croix, il lui commanda de reparer
l’églife de faiint Damien : il revint à Afhfe SC
entreprit de faire ce bâtiment par le fecoursdes au-
I i l V R E S o ïX A N T E - S E I Z I E ’ ME. Z7I
m â n e s , n’ayant point de honte de demander à ceux
qui l’avoient vû riche auparavant.il contribuoit auf-
M de fon travail, & quoiqu'affoibli par les jeûnes, il
portoit les pierres. Après avoir reparé S. Damien, il
entreprit de réparer encore une églife de S. Pierre
plus éloignée de la ville, par la dévotion qu’il avoit
à ce faint apôtre, Sc ayant achevé cette réparation
en peu de téms, il en entreprit une troifiéme.C’étoit
une églife de la fainte Vierge iituéé à fix cens pas
d’ Aflife au pied d’une montagne nommée de la por-
tionculedu lieu où elle étoit bâtie appartenant à des
moines Benediêtins; on lanommoit auffi N. Dame
des Anges. Cette églife étoit entièrement abandonnée,
mais François l’ayant rétablie s’y logea Sc s’y
affeéiionna plus qu’à aucun lieu du monde. Il paf-
fà ainfi environ deux ans depuis fa première conversion.
- "
Un jour il entendit lire à la mefle l’endroit de l’évangile
où N: S. dit à fes Apôtres: Ne portez ni or
ni argent ni autre monnoie dans vos bourfes, ni fac
pour le voyage, ni deux tuniques, ni fandales, ni bâtons.
Aufli-tôt rempli d’une joie inexpliquable, il
dit : Voilà Ce que je cherche, voilà ce que je defire de
tout mon coeur. Alors il ôte fes fbuliers, fon bâton
Sc fa beface, renonce à l'argent ; Si ne gardant qu’une
tunique, ôte fa ceinture de cuir & s’en fait une •
de corde : cherchant tous les moïens d'accomplir
au pied de la lettre ce qu’il venoit d’entendre , Sc
de fe conformer en tout à la réglé des apôtres. Il commença
dès lors à inviter les autres à la pénitence,
par des difcoursfimples,maisfolides&efficaces
qui étonnoient lesauditeurs&penetrçient iufqu’aux
AN.iiop"
Vita -c, 3 ;
Matt. x. 9-, io ;