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Paris; & fut oblige par l’Univerfité de retra&er fon
opinion : mais il n.e le fit que de bouche & la garda
toujours dans le coeur. Il tomba malade de chagrin 8c
de dépit, mourut peu de tems après & fut enterré près
S,. Martin des champs.
Après fa mort s'élevèrent quelques-uns de fes dif-
ciples,quifoutcnoient des erreurs encore plusdange-
reufes. Ils difoient que la puiflan.ee du Pere avoit duré
autant que la loiMofaïque: que J. C, ayant aboli l’ancien
teftament, la loi nouvelleavoit eu cours jufques
alors, c’eif-à-dire pendant douze cens ans; & qu’en
leur âge commençoit le temps du S. Efprit, auquel la
confeifion, le bapteme, leuchariftic & les aqtresfa-
cremens n’avoient plus de lieu, mais que chacun
pouvoir etre fauvé par l'infufion intérieure de la grâce
du faint Efprit, (ans aucun a£be extérieur. Ils éten-
doient la vertu de la charité jufques à dire, que,ce
.qm autrement feroit péché , étant fait par charité ne
1 ctoit plus, 8c en confequence ils commettoient des
adultérés 8c d’autres impuretez fous le nom de charité
: promettant l’impunité aux femmes dont ilsabu-
foient 8c aux autres perfpnnes fimples, 8e relevant la
bonté de Dieu fans parler de fa juftice.
Ces erreurs vinrent fecrettementà la connoiiTance
de Pierre évêque de Paris 8c de frere Guerin profez
del’ordre de faint Jean de Jerufalem, qui étoit le principal
confident du ro i, il fit quelque tems auprès
de lui la fon&ion de chancelier, 8c fut depuis eyê-
que de Senlis. L'évêque de Pafis gc lui envoyèrent
fecretementledodeur Raoul de Nemours; pour s’informer
exadement des gens de cette fede. Raoul feignant
d’être de? leurs, les engageoit à lui reveler leurs
L i v r e S o i x a n t e - s e i z i e ’ ü î e 2 8 7
fecrets; 8c ainfi furent découverts plufieurs prêtres,
clercs 8c laïques de l’un 8c de l’autre fexe qui avoienc
été long-tems cachez. On les prit 8c on les amena à
Paris au nombre de quatorze : favoir Guillaume de
Poitiers foudiacre, qui avoit enieigné les arts à Paris,
8c avoit étudié trois ans en théologie : Bernard
foudiacre : Guillaume orfèvre leur prophète: Etienne
curé du vieux Corbeil : Dudon qui avoit été clerc
du dodeur Amauri, 8c avoit étudié en théologie près
de dix ans : Elimand acolyte : Eudes diacre : Guerin
prêtre ,. qui avoit enieigné les arts à Paris, 8c avoit
étudié la théologie fous Etienne de Langton, 8c qyeb
ques autres.
Outre les erreurs-qui ont été marquées ils difoient,
que le corps de J. C. n’étoit pas autrement au pain
de l’autel qu’en tout autre pain 8c en route autre cho-
fe 8c que Dieu avoit parlé par Ovide comme par &.
Auguftin. Ilsnioient la refiarredion, 8c difoient,que
le paradis 8c l’enfer n’étoient rien : mais que qui avoit
la penfée de Dieu qu’ils avoient, avoit en foi le paradis
; 8c que qui avoit un péché mortel , avoir l’enfer
en foi. Ils difoient que c’étoit idolâtrie d’ériger des
autels foüs l’invocation des faines, 8c encenferleurs
images; & fe moquoient de ceux quibaiioient leurs
reliques. Us difoient encore, que lepape étoit l’Ante-
«hrift, 8c Rome Babylone. Leur prophète Guillaume
l’orfévre prédiioit que dans cinq ans viendroient
quatre playés : la famine qui confumeroit le menu
peupler le glaive, . par lequel les Seigneurs fedétrur-
roient : l’ouverture de la terre, qui engloutiroit les
bourgeois : le feu, qui deicendroit fur les prélats membres
de l’Ante-chrift. Le moine Cefaire d’Heifterbach^