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»• 10.
416 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
fi durement avec vos freres, les expofant à de (s
grands voïages Si à de telles fouffrances ? Seigneur ,
reprit François, vous croïez que Dieu n’a fait notre
inftitut que pour ces païs-ci y Si moi je vous dis en
vérité, qu’il l’a formé pour le bien général & le fa-
Jut de tous les hommes, fans exclure les infidèles. Si
nos freres vivent (elon l’évangile, Dieu leur donnera
toutes chofes en abondance , même chez fes ennemis»
Ces paroles augmentèrent l’affeébion du cardinal,
pour le faint homme : mais il l’exhorta encore plus
fortement à demeurer en Italie. François fe rendit
Si envoïa en France à fa place le frere Pacifique»
C ’étoit un Trouvere, c’eft à-dire un faifeur de chan-
fons, fi fameux que l’empereur l’avoit couronné, Si
que depuis on le nomrnoit le roi des vers. Aïant oui
parlée du faint, il voulut le voir, Si le trouva qui.
prêchoit dans un monaftere à la ville de S. Se vérin.
Il lui parut orné de deux épées lumineufes travers
e s en croix : l’une de la tête jufques aux pieds, la.
fécondé d’une main à l’autre. Touché de cette vi-
fion, il S convertit,. renonça au monde, & s’attacha,
à François ; qui le voïant parfaitement tranquille, le
nomma Pacifique. Ce fut lui qu’il envoïa en France
quatre ou cinq ans après fa converfion, & qui le premier
y fut miniftre des freres Mineurs : avec lui il envoïa
frere Ange, qui le premier fut miniftre en Angleterre,
Si frere Albert, qui fut le quatrième général
de l’ordre.
La miffion d’Allemagne ne réuffit pas, parce que
les freres qu’on y envoïa ne fçavoient point la langue
; Si que venant d’Italie, on les foupçonnoir d’être
du nombre des hérétiques, qui y étant pourfuivis,
en
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en fortoient alors. Leur habit pauvre Si fingulier
augmentoit le foupçon, Si ils ne pouvoiènt répondre ’ r l .
aux queftions qu’on leurfaifoit. Ils furent donc maltraitez
Sc chaifez cruellement. A leur retour ils racontèrent
à leurs confrères ce qu’ils avoient fouf-
fert ; Si l’Allemagne demeura tellement décriée parmi
eux , qu’ils difoient que perfonne n’y devoit aller
s’il ne defiroit le martyre.
François reçût enfuitedes plaintes deja part de fes y**-
confrères, qu’ils étoient traitez durement par plufieurs
prélats, Si qu’il y avoit en cour de Rome des Lez-
gens qui parloient contre leur inftitut. C’eft ce qui
lui fit refoudre de demander au pape un proteéteur ;
Si après en avoir communiqué avec fes confrères, il
alla à Rome où il trouva le cardinal Hugolin revenu
de Tofcane, Si lui découvrit fondelfein. Le cardinal
de fon côté lui déclara le defir qu’il avoit de le voir
prêcherdevant le pape &les cardinaux. Le S. homme
s’en exeufa tant qu’il put ; mais le cardinal le preifa
de telle forte , qu’il compofa avec foin un fermon
Si l’apprit par coeur. Quand il fut en prefence du Benm.c.u.
pape il oublia tellement fon fermon , qu’il ne put en
dire un mot*; mais après l’avoir déclaré humblement
Si invoqué le Saint Efprit , les paroles lui vinrent
en abondance ; Si il parla avec tant de force & d’efficace
, que le pape Si les cardinaux en furent vivement
touchés. Enfuite étant admis à l’audience du
pape en préfence du cardinal Hugolin , il lui dit :
Saint pere, jefuis confus de vous importuner pour les
intérêts de nos pauvres freres, vous voyant accable
de tant d’affaires importantes. Donnez-nous ce cardinal
pour avoir recours à lui dans nos befoins fous
Tome X V I . G g g