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1 30 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .'
péché. Envoyez-nous deux palliums pour les deux
métropolitains de PrishlaveouPreilau & de Belefbu-
de. Le légat avoit établi ces deux archevêchez de
concert avec Joannice, les Soumettant a 1
archevêque
Baille comme à leur primat, 5c mit le fiege primatial
dans la ville de Ternove, qui étoit alors la capitale
de la Bulgarie. En renvoïant le légat Jean ,
Joannice envoïa avec lui Blaife evêque de Bran-
dizubere avec une lettre au pape , par laquelle il le
prie d’envoïer à l’archevêque Baille le bâton pailo-
ral & tout ce qui convient à un patriarche. Le légat
outre le pallium lui avoit donné la mitre 8c 1 anneau.
Joannice ajoute : Et parce qu’il feroit difficile de recourir
à Rome à la mort de chaque patriarche, accordez
à l’églife de Ternove le pouvoir de l elire
8c de le facrer, de peur que votre confcience foit
chargée de la vacance de ce grand Siege. Accordez/
au SU à cette églife le pouvoir de faire le faint chreme
à l’ufage du baptême : car les Grecs ne nous le donneront
plus quand ils fçauront que nous avons reçu
la confecration de vôtre fainteté. Je vous prie auffi
d’envoyer un cardinal qui m’aporte le feeptre 8c la
couronne pour me Sacrer 8c me couronner. Quant
aux limites delà Hongrie 8c de la Bulgarie , j e laiife à
vôtre fainteté de les regler en la confcience , afin de
faire ceiTcr les meurtres des Chrétiens. Orvous devez
fçavoir que le roi de Hongrie a ufurpé cinq eve-
chez qui m’apartiennent avec leurs droits , enforte
que ces évêchez font ruinez. Jugez s’il eit jufted’en
ufer ainfi.Jc ne vói pas pourquoi les évêques desBul-
gares ne faifoient pas eux-mêmes le faint chreme,8c
sroyoient avoir befoin dele recevoir d’ailleurs.
L i v r e S o i x a n t e - q j x j n z i e m b . 1 3 1 A n J t0
Cette année 1103. mourut Etienne évêque de ’ 3>
Tournai célébré entre les prélats de fon tems.Dès Fin <T-Etienne
le commencement deion epifeopat, il apritquele de Tournai,
doéteur Bertier archidiacre de Cambray fon ancien ^ 9-
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amii., difoit qu’il ne fçavoic pas fe conformer à la di-
jLpift. 208«
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gnité pontificale. Pour s’en juftifier,il lui écrivit une
lettre où il décrit ainfi fa maniéré de v ivre: Je fors
rarement de la ville i j ’aiTiile autant que je puis à l’office
divin avec les autres ¡ J ’annonce à mes diocefains
la parole de Dieu félon le talent qu’il m’a donné; 8c
j e combats autant que je puis par mes difcoursla nouvelle
herefie 8c les autres erreurs femblables. C’eil
le Manicheïfme répandu en Flandres comme a illeurs.
Il continue : Je donne gratis les facremens
que j ’ai reçu gratis, 8c je detefte la iimonie. Si je
ne refufe pas tous les prefens, du moins je n en reçois
jamais d’illicites- Je donne confeil à ceux qui
viennent fe confeffer à moi ; j e remedie a leurs maux
par la penitence, 8c je confole les affligez autant
que Dieu le permet. A mes heures de loifir je lis
8c médite l’écriture fainte. J ’exerce volontiers 1
hof-
pitalité envers les honnetesjjens. Je ne mange ni
feul, ni en cachette, 8c je me garde de la fuper-
fluité 8c de la curiofité. Je ne donne point le patrimoine
de J . C. aux baladins 8c aux boufons. Voilà
l’exterieur : Dieu eft le juge du refte. | |
L ’évêque Etienne eut beaucoup à fouffrir à l’occî-
fion de l’interdit qu’il fut obligé de jetter fur fondio-
cefe. Car en 1197. Baudoiiin comte de Flandres au
préjudice de la fidélité qu’il devoit au roi de France
comme fon vaffal, fit alliance avec le roi d’Angleterre
fon ennemi, 8c ravagea le terres de France.
R ij
Rigord. p , 41.