
AN. 1209 1 5 4 „ H i s t o i r e E c c i e s i a s t i q u e .
' de Cîtcauxlavoicinttruit. Ils le firent 8c tous les avis
tant de cet abbe que des prélats fe trouvèrent conformes,
ce qui parut miraculeux. Enfuite Milon manda
au comte de Touloufe de venir le trouver à Valence
a un jour marque. Il y vint 8c promit au légat de
faire en tout fa volonté. Le légat par le confeil des
prélats ordonna au corrue de luy livrer pour fûretc
fept chaceaux des domaines qu’il ayoit en Provence ;
& que les confuls d’Avignon,deNifmes ôc deS.Geor-
ge lui juraifent que Ci le comte de Touloufe contreve»
noit au ordres du légat, ils feroientquittes de leur
ferment de fidélité, 8c que le comté de Melgueuïl fe-
roitconfifqué au profit de l’églife Romaine. Le comte
promit tout, par la crainte de l’armée des croifez
qui venoient fondre iur lui.
Aufli-tôtTheodifealla en Provenceprendreppf-
feffion des fept chaceaux de la parc du pape ; 8c Milon
vint à S. Gilles pour y donner l'abfolution au comte
de Touloufe: ce qui fe paffa ainiî. Le dix-huitième
jour de Juin 1109. le comte fut amené nud en chemi-
‘ omt'U, T .iiv fe devant la porte de l’églife en préfence du légat, des
archevêques 8c des évêques affemblez au nombre de
plus de vingt; 8c là il fit un ferment fur le corps de N.
S.la vraïe croix,les reliques 8c les évangiles portant en
fubftance;Jejureque fur tQuslesarticlespourlefquels
j ’ai été excommunié, j ’obferyerai les ordres du pape
ôc les vôtres; principalement fur ce qu’on dit: que
je n’ay pas voulu jurer la paix quand les autres la ju-
roient: que je n'aypasgardé mesfermensfurl’cxpul-
fion des heretiqùes : que je les ai toujours favorifez ,
que je fuisfufped: fur la foi, que j ’ay tenu des compagnies
de R.outiers;que j ’ai donné à des Juifs des char-
L i v r e S o i x a n t e - s e i z 1 e’ me,
gies publiques, que j ’ay fortifié des égiifes ou levé des
péages ou guidages indûs, que j ’ai chaffé defon fiége
l’évêque de Carpentras, que je fuis foupçonné du
meurtre de Pierre de Caftelnau de iainte mémoire,
que j ’ay pris l’évêque de Vaifon 8c fon clergé 8c détruit
leurs maifons. Il iefoumets’il n’obferve ce ferment
à la perte des fept châteaux 8c à être de nouveau
excommunié.
Après ce ferment, le légat donna l’abfolution au
comte 8c luy fit mettre au cou une école par laquelle il
le pric;mais la foule étoit fi grandequ’il étoit impofti-
ble de le faire fortir par le même chemin par où il
étoit encré. Il fallut defeendre dans l’églife baffe 8c le
faire palier devant le tombeau du bienheureux Pierre
de Caftelnau , comme pour lui faire fatisfa&ionf
Après l’abfolution le légat Milon- donna divers ordres
au comte en exécution de fon ferment; entre-autres
de rétablir l’évêque de Carpentras 8c l’évêque de
Vaifon dans tous leurs droits, avez réparation des
dommages qui leur avoircaufez. De chaffer de fes
terres les Routiers,Gotteraux 8c autres brigands:d’ô±
ter aux Juifs tout maniement d’affaires publiques:ds
garder la fureté des grands chemins, de faire obfer-
ver la paix ; 8c de tenir pour heretiqùes ceux qui luy
feroient indiquez par les évêques ou les curez. Le
comte jura aum de conferver l’immunité des égiifes, *
fans les charger d’aucune exa&ion ; 8c particuliere'-
mentde ne point piller les maiionsdes év êques mores,
mais de conferver cous les biens au fucceffeur, ôc ne
fe point mêler des éleélions. Le légat fit faire des fer-
mens àpeu près femblables à plufieurs feigneurs du
pais ,,8c aux confuls d’Avignon ôc de Montpellier.
Ah. 12081