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que nous autres Grecs, & plus exaéfcs obfervateurs
des préceptes de J . C. Je dis plus, vous qui portez la
croix fur vos épaules,8cqui avez fouventpromis avec
fermenede paiferparles terres des Chrétiens fans y
repandre defang,ni vous détourner à droit ni à gauche
, comme n’ayant pris les armes que contre les
Sarrafins , 8c de vous abftenir de toute compagnie
de femmes pendant tout le tems que vous portez la
croix , comme étant confacrez à Dieu. Vous n’étes
en effet que des difeoureurs, qui cherchant à vanger
le faint Sepulcre, exercez vôtre fureur contre J.C .&
qui portant la croix fur l’épaule ne craignez pas de
mettre la croixà vos pieds,pourprendre un peu d’or
ou d’argent. Les Sarrafins n’en ont pas ufé de même:
ils ont traité vos compatriotes avec toute forted'hu-
manicé à laprife dejeryfalem. Ils n’ont point inful-
té aux femmes des Latins,’ ni rempli le S. Sepulcre
de corps morts : mais ils ont permis à tous de fe retirer
librement moyennant un leger tribut par tête:
laiflantdu refte à chacun les biens dont il étoit enpof-
feflion. C’eftainfi queles ennemis de J . C. onttraité
des gens de différente religion;8cc’eft ainfi que vous
avez traité des Chrétiens, dont vous n’aviez aucun,
fujet de vous plaindre. Ainfi parloit Nicecas.
ni. Le butin que les Latins fe crurent le plus permis
^ Rehqucs em- furent les reliques, dont il y avoit à C. P. une quan-
| thé prodigieufe, 8c qui fe répandirent depuis dans
les églifes d'Occidenr. Mais il ne fut pas facile d’em-
TrM/i s. Ma- pêcher qu’elles ne fuiTenc profanées 5c diffipées.Car
mant. C. S. Bib. 1 z' j 1 . » » t * /Y* 1 I • • jbruc. l e s l o i d a c s rompoienc les châties & les reliquaires,
i7. An. pQur prencj re ¡-or} l’argemc 8c les pierreries ; fans fe
mettre enpeinedesreliques.Lesfeigneursl'ayancap-
L i v r e S o i x a n t e -s i e z i e’ m e . ipr
pris en furent fenfiblement affligez , craignant que
ces facrileges ne leurattiraffent quelque malheur :
c’eft pourquoi ils tinrent confeil, dont le refultat
fut que le légat 8c les évêques défendirent fous peine
d’excommunication que perfonne retînt des reliques,
enjoignant de les remettre routes entre les
mains de Garnier évêque de Troïes.
On trouva entre-autres un chef entouré d'un cercle
d’argent, où étoit écrit en grec: faint Marnas.
C’eft un m artyrilluftrequifouffrit à Cefarée en Ca-
padoce vers l’an 174. 8c que l’églife honore ledix-
feptiéme jour d’Aouft.Dans l’armée des croifez étoit
un clerc dudiocefe de Langres nommé Galon de
Dampierre. Il fit tout fon poffible pour avoir cette relique
, parce que l’églife de Langres en avoit déjà
quelques-unes du même faint, qu’elle rccorncît
pour fon patron, fous le nom de faint Marnés : mais
Galon ne put l’obtenir de l’évêque deTroyes ,car il
vouloit à ion retour en France donner lui-même
la relique à l’églife de Langres : dont il aimoit
tendrement l’évêque nommé Hilduin.
Garnier évêque de Troyes étant mort à C.P. le
quatorzième d’Avril 1205.Galon deDampierre vint
trouver le Légat Pierre de Capoüe, 8c ie jettant à
fes genoux, le pria avec larmes de lui donner le chef
de faint Marnés. Le légat fut ravi de trouver uneoc-
cafion de faireplaifir à Galon, qu’il aimoit fingulie-
ment pour fonmerite. Ainfi fans différer,de peur
qu’on ne détournât la relique , il alla au logis du défunt
évêque, 8c la tranfporta chez lui aveclerefpeét
convenable. Pour ôcer tout pretexte de doute iur la
vérité de la relique,il fie yenir plufieurs Grecs clercs
An. 1104.
Tillem. t . 4. p*
3 j S .
Martyr» R 17.-