
XX.
Premier chapitre
des freres Mineurs.
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ading. ». 17.
474 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
rem donc l’un & l’autre à refufer les prélatures. Le
cardinal fut très-édifié de leur Humilité : mais il ne
changea pas d’avis, 8c crut que de tels miniftres feraient
très- utiles à l’églife , vû la corruption qui rc-
gftoit alors. ■
Saint Dominique propofa à faint François d’unir
leurs deux congrégations, 8 c n’en faire qu’une : mais
Saint François répondit:Mon cherfrere,c’eft la volonté
de Dieu qu’elles demeurent feparées , afin de s’ac-
con rnodcr à l’infirmité humaine par cette variété ,
& que celui à qui la rigueur de l’une ne convien-
droit pas, embraiTe la douceur de l’autre. Ih ne laif-
ierenc pas d’affermir entre eux & leurs difciples une
parfaite union. Saint Dominique affifta au chapitre
général que faint François tenoit alors près. d’Aifife
& qui commença à la Pentecôte : c’étoic le vingt-
fixiéme de Mai cette année 1119 . Il s’y trouva plus
de cinq mille freres Mineurs, tant l’ordre étoit déjà
multiplié en neuf ou dix ans ; 8 c ils campèrent
comme ils purent dans la campagne i couchant fur
des nattes 8 c fous de pauvres huttes. Ils n’avoient
point fait de provifions, & toutefois ils ne manquèrent
dé rien par la charité des villes voifines, Aime,
Peroüfe , Foligni , Spolete, 8c même d'autres plus
éloignées ; on yoyoit accourir de tous le païs les ec-
elefiaftiques, les laïques, la nobleiîe,le petit peuple,
& non feulement leur fournir les chofes neceffaires,
mais s’emprefler à les fervir de leurs propres mains,
avec une fainte émulation d’humilité & de charité.
Tant ils écoient touchez de voir la paix 8 c la joïe de
ces nouveaux religieux dans une vie fi dure & fi pe-
nitenfc : leur union encre-cux & leur foumifiion pour
L i v r e s o i x a n t e -d i x h u i t i e ’m e . 4 7 ;
leur faint inftituteur. Voilà., difoient ils, la voye é- -----
troite de l’évangile, voilà pourquoi il eft fi difficile
aux riches d’entrer au roïaume des cicux.
Le cardinal Hugolin vint au chapitre-, 8 c un jour
y faifanc un difeours aux freres, il le conclut en leur
donnant de grandes louanges. François craignant
qu’ils n’en, tiraflent vanité 8c occafion de relâchement
monta en chaire à fon tour , 8 c leur repre-
fenta les perfecutions 8 c les tentations qu’ils dévoient
attendre, le relâchement de leurs fucceffeurs,
8 c la décadence future de l’ordre. Il leur reprocha à
eux-mêmes leur lâcheté 8 c leur peu de fidélité à coopérer
aux grâces fingulieres qu’ils avoient reçues de
D ieu ,& parla avec tant de forcé,que non feulement
il reprima en eux les fentimens de complaifance, mais
qu’il les chargea de.cpnfufion. Le cardinal en fut un
peu mortifié , 8 c s’en plaignit doucement à François
qui lui dit : Seigneur, je l’ai fait pour eonferver la
matière de vos louanges , & foûtenir ceux en qui
l’humilité n’a pas encore jette d’affez profondes racines.
«
Le lendemain frere ElieminiftredeTofcane,frere
Jean miniftrede Boulogne, &plufieurs autres vinrent
trouver le cardinal Hugolin, le priant de dire à Frani-
çois f comme de lui même , qu’il devoit écouter les
confeils de fes freres, dont plufieurs étoient fçavans
8 c capables de gouvernement,.au lieu qu’il étoit
homme fimple 8c fans lettres, & que la foibleflc de
fa fanté ne lui permçttoit pas de faire toutes les affaires
de l'ordre. Ils ajouteront qu’on devoir refpec-
ter l’autorité des anciennes réglés de S. Benoift, de S.
Auguftin, de 5. Bafile, 8c ne pas. tant s’en éloigner par
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