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~ ------------ cuta. Saint François l’aïant envoie à Rome en 12.12,'.
N. 11.19. tQUS j£S jours 3près avoir oüi la meffe, il alloic à-une-
forêt éloignée de la ville de quatre milles ou cinq:
quarts de lieuë, d’où il apportoit fur fes épaules une
chargé de bois, la vendoit & en fubfiftoit. Une femme
aïant fait marché avec lui pour lui apporter dm
bois, il lui parut fi homme de bien, qu’elle voulut
lui en donner plus quelle ne lui avoir promis : mais1’
il dit : Je ne veux pas me laiffer vaincre par l’avarice,,
il lui remit la moitié du prix. Il-n’y avoir point de
travail fi bas qu’il dédaignât : il donnoit aux pauvres
ce qui lui reftoit du gain de fa journée après avoir
pris fa fubfiftance, fie réfervoit toujours du temps-
pour la priere.
vjuc.i.n. *. Tel étoit frere Gilles que S. François envoïaavec:
». h. ' ‘ quelques autres prêcher la foi aux Sarafins d’Afrique,
ne trouvant pas de freres lettrez' qui vouluffenr'
palier. Us arrivèrent à Tunis, & un homme eftimé:
très-fage entre les Sarafins après avoir long-temps-
gardé le filence , fortit de fa retraite & commença ;
à dire publiquement : Il nous eft venu des infidèles-
qui veulent décrier notre loi : je vous confèille de
les faire tous paffer au fil de l’épée. Alors s’énïut une
grande rumeur entre les Mufulmans & les Chrétiens :.
& les Chrétiens qui fe trouvoient à Tunis- & chez-'
lefquels demeuroient frere Gilles & fès compagnons,,
craignant terriblement la mort, les contraignirent
de rentrer dans le yaiiTeau, fans leur permettre d’aller
entre les Sarafins ni de leur parler. Le lendemain matin
les Sarafins vinrent impetueufement les chercher
& virent que malgré la défenfe des autres Chrétiens
, ils les prêhoient du vaiffeau & les exhor-
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Æoient àembraifer la fo i, défirent ardemment le mar- T
•tyre. Enfin les freres votant qu’ils ne pouvoient N’ l l 1 ^'
executer leur deffein, retournèrent à faint François.
Le faint homme aimoit tendrement frere Gilles, &c
difoit de lui aux autres freres : Voici notre chevalier
de la table ronde,comme on diroit aujourd’hui, notre
héros.
Cependant S. François paifa lui-même dans la xxvii.
terre-fainte. C’étoit la troifiéme fois qu’il fe mettoit ¿evam le 'fE
en chemin pour aller chez les infidèles, pouffé du MeIcdinzele
pour leur falut & du défir du martyre. La première
fois fut la dixième année de fa converfion,
c’eft-â-dire en u n . Il s’étoit embarqué : mais les
■vents contraires l’obligerent à relâcher en Efclavo-
nie, d’où il revint â Ancone. L’année fuivante il paf-
fa en Efpagne pour aller à Maroc chercher le martyre
; & il étoit tellement dévoré de fon zele, que
tout foible qu’il étoit il marchoit plus vite que ion
compagnon. Mais une maladie le retint en Efpagne, Id. n ï j . n. jS,
.& voïant qu’il étoit neceflaire au troupeau qu’il
commençoit à former,-il retourna en Italie. Enfin la
treizième année de fa converfion, c’eft à-dire en
j 119 . il s’embarqua à Ancone avec onze compagnons u. m?, g.¡4:
de fon ordre fur les bâtimens qui portoient du fe-
cours au fiege de Damiete. Peu de jours après qu’il
y fut arrivé les Chrétiens fe préparèrent à combattre
contre les infidèles ; & François dit à fon compagnon
nommé le frere Illuminé : Le Seigneur m’a
fait connoître, que fi l’on en vient aux mains , les
Chrétiens auront du défavantage. Si je le dis, jepaf-
ferai pour un f o l , fi je ne le dis pas, ma confcience
en fera chargée : que vous en femble ? Son eompa