
Matth. an.
107.
XXXIII.
Oppolîtion du
xoi Jean»
iji H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e ,
iées, il craignit que s’il renvoyoit les moines en An*
gleterrepour en faire une nouvelle, ils ne retombai"?
fent dans le même inconvénient, parce que le roi ne
laiffoit point de liberté dans les éledtions. C’eft pourquoi
il manda aux moines qu’ils donnaient à quinze
d’entre-eux le pouvoir d’élire leur archevêque en ce
ças, & qu’ils les envoyaient à Rome: ce qu’il fit fça-?.
voir au roi. Aprps donc avoir cafte les deux élections,
il enjoignit aux quinze moines defaircenfaprefen-
ce une éle&ion canonique ; & par l'examen de leurs
fuffrages, le plus grand nombre fe trouva concourir
en laperfonnedu cardinal Eftienne de Langtoq.Tous
les moines s’y accordèrent enfin, quoique les envoiez
du roi en fuffent mal-contens 8c fiftent tous leurs efforts
pour l’empêcher. Enfuite le pape écrivit au roi
d’Angleterre l’exhortant afFeétueufement à recevoir
Sc favorifer Eftienne de Langton, dontilrelevoitle
mérité ; 8c il écrivit aux moines de Cantorberi de lui
obéir comme à le.ur pafteur.
Mais quand ces lettres furent venuësà laconnoif.
fance du roi Jean, il entra en une furieuie colere, tant
à caufede l’éledion d’Eftienne que du refus de 1
evc-,
que de Norvic ; &c il accqfa les moines députez de
1 avoir trahi. Carjdiioit-iljilsontélulcurious-prieur
fans mon confentement, puis pour couvrir cettefau-r
te , ils ont élu l’évêque de Norvic , 8c ont reçu de
mon treior de quoi fournir aux frais du voyage, pour
faire confirmer cette éleêlion ; 8c pour comble de
perfidie, ils ont élu 8c fait facrer Eftienne de Lan-,
gton mon ennemi déclaré. Le roi donc tranfporté de
colere, envoya à Cantorberi deux chevaliers violens
8c inhumains accompagnez des gens armez, qui
étânç
L i v r e s o iX A N f E-SEi ziE' i kE. 1 3 3
étant entrez dans le monaftere l’épée à la main, commandèrent
au prieur 8c aux moines d’une voix terrible
de fortir aufti-tot d’Angleterre comme traîtres au
roi, autrement ils jurèrent qu’ils mettroient le feu
au monaftere 8c les bruleroient dedans : les moines,
fans attendre autre violence que cette menace , fe
retirèrent tous à la referve de treize malades qui
étoient à l’infirmerie , 8c ne pouvoient marcher. Les
autres paiTerent en Flandre 8c furent reçus a S. Ber-
tin 8c en d’autres monafteres* Le roi mit des moines
de l’abbaye de S. Auguftin pour faire le fervice dans
la cathédrale deCantorberi: confifqua les bien
fugitifs, 8c laifta incultes les terres de l archeveche
8c du monaftere.
Enfuite il envoya une lettre au pape ou il ^ifoit:
Après avoir rejetté honteufement l’éleêlionderéve-
¡que de Norvic, vous avez facré archevêque de Cantorberi
un certain Eftienne de Langton qui m eft inconnu,
8c qui a demeuré très-long-tems en France
.avec mes ennemis déclarez; 8c ce qui eft de plus préjudiciable
aux libertez de ma couronne fans avoir
demandé mon confentement, C e ft pourquoi je ne
puisaffez admirer que vous 8c toute la cour de Rome
ne confideriez pas combien mon amitié vous a été
neceffaire jufquesàprefent; 8c qu il vous revient plus
d’utilité de mon royaume que de tous les païs de deçà
les Alpes. Il proteftoit de ne jamais fe départir de
l’éleétion de l’évêque de Norvic, 8c concluoit en
déclarant, que s’il étoit refufé , il empecheroit fes fu-
jets d’aller à Romey porter les richeffesqui lui étoient
neceflaires pour repoufler fes ennemis ; 8c qu ayant
chez lui des prélats fuiHfamment inftruits, iln iroit
T omeX n, P g
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