
A n. 1 2.1 554 H i s t o i r e E c c l e s r a s t i q -ü s .
plus a leurs interefts temporels qu’à la propagation
de la foi : ils refufoient leurs fecours à l’évêque d’Ef-
to nie, & préparoient même des obftacles à fa mii-
fio n, s'il ne leur accordoir une partie de la province.
Le pape leur en fit une forte réprim andé, «¿leur ordonna
de donner à l’évêque tous les fecours qu’ils
pourraient : les menaçant de leur ôter les privilèges
qui leur donnoient tant d'audace. Enfuite comme il
n ’y avoitpointde mémoire que la provice d’Eftonie
eut été fqumife à un m étropolitain : il défendit à l’ér
veque d en reconnoître aucun fansordre particulier
du S. fiege ; & il fit la mêmedéfenfe à l’évêquç
de R iga, jufques à ce qu’il en eût été ordonné dans
le concile général.
î.epapetrompÉ Gomme le roi Pierre d’Arragon revenoit delaba-
xagon. taille gagnee contre les M ores, Raimond comte de
Touloufe fonbeau-frere l’alla trouver; & lui ayant
«p refenté les maux que lui avoient faits lescroifez,
il fe plaignit que l’égliie ne vouloir point recevoir fa
fatisfaflion , quoiqu’il fut preft à faire tout ce que
le pape lui ordonneroit. G’eft pourquoi le comte déclara
au roi qu’il lui abandonnoit fes terres, fon fils
Raimond &c fa femme Eleonore fceurdu même roi,
pour les défendre s’il vouloir, ou les laiffer dépouiller.
Sur ces plaintes le roi d’Arragon dépêcha au pape
des députez avec des lettres où il difoit : Quand
les croifez S u iv an t l’ordre de votre faintetéffont entrez
furies terres du vicomte de Beziers mon valfal,
je ne lui ai point donné le fecours qu’il me deman-
d o it, pour ne pas m’oppofer aux inten tionsde l’égli-
fe, 8c j’ai mieux aimé manquer à quelquescatholi-
ques quedeparoître aider les heretiques qaêlez avcç
L i v r e S o ix à -n t e -d ix - s ip t ie ’me. 335
eux. D’où il eft arrivé que le vicomte de Beziers a
perdu fa terre, ôe enfin a été tué miferablemenr.
Enfuite le légat Arnaud Se le comte deMontfort fai-
fant entrer les croifez fur les T erres du comtedeTou -
loufe , Ce font emparez non feulementdes places oc-
cupéesparles heretiques, mais de celles dont les ha-
bitansn’étoient pas même fufpe<fts;3c ce qui les jufti--
fie , c’eft que le comte de Montfort a pris leur ferment
& les y laiife demeurer,.ce qu’il ne fouffriroit:
pas à des heretiques. Le légat Si le comte de Mont-
fort ont pouffé fi loin leur ufurpation, qu’il ne refte
au comte Raimond que Montauban & Touloufe.IIs
ont pris lesterres des comtesde EoixSideCommin-
ges, & du vicomte de Bearn,.tous trois mes vaffaux,.
Si veulent s’en faire rendre les hommages ; & cela
pendant que j’étois à la guerre contre les m ores,od
je donnois pour la foi mon fang & celui de mesfu jets.
Le roi d’Arragon concluoit en' priant le pape de con-
ferver le comté de Touloufe au fils du comte qui n’a-
voit alors que quinze ans ; & ajoûtoit : J ’aurai
foin de le faire bien inftruire, 8e le garderai en mon:
pouvoir lui Se le comté tant qu’il vous plaira;8evou$'
donnerai fur ce fujet toutes les furetez que vous demanderez.
Le comte de Touloufe aufli eft preft à faire
telle penitence que vous lui impoferez pour aller
contre les Sarrafins ,, foit outre-m er„ foit en;
Efpagne.*
Sur ces remontrances du roicfArragon le pape
écrivit plufieurs lettres : l’une àfes légats l’archevêque
de N arbonne, l’évêque dé Riez & le doéteur
Theodife, où iMeur ordonne d’affembler un concile
des évêques,.des feigneurs Si des magiftrats;.ôi y o u s s