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g j 8 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
“ ve , demeurera au même état pendant la trêve que
pendant la guerre ; & l’empereur défendra à tous les
autth^ram“.*' fiens de donner aucun fecours aux feigneurs de ces
* * * places. De plus on rendit aux Chrétiens Bethléem Ôc
le territoire entre cette ville & Jerufalem, Nazareth
avec le chemin jufques à Acre le territoire de Toulon:
Sidon ou Saïd avecies dépendances.. Cette trêve
qui devoit durer dix ans, fut jurée de part ôc d’autre
le Dimanche dix-huiciéme jour de Février 1 1 1 5 . Mais
Gerold patriarche de Jerufalem , les Templiers ôc
les Hofpitaliers n’y prirent aucune part : la regardant
comme honteufe 5c défavantageufe à la Chrétienté ,
ôc tenant l’empereur pour excommunié. Le patriar-
f. pur. Ap.. che paila même jufques à défendre de réconcilier les
lieux faints à Jerufalem 5c d’y celebrer le fervice divin.
Il refufa auffi à tous les pelerins indifféremment
la permiffion d’y entrer 5c de vifiter le S. fepulcre r
allegant la défenfe que le pape en avoit faite , 5c qui
n’étoit point révoquée.
L’empereur ne laiffa pas d’entrer à Jerufalem le
famedi dix-feptiême de Mars , ôc le lendemain qui
étoit le troifiéme dimanche de carême , il vint en
habits royaux à 1 eglife du S. fepulcre accompagné
des. chevaliers Teutoniques, de quantité de nobleffe
5c de peuple. Et comme il ne fe trouva point d’êvê-
que pour lui donner la. couronne, il la prit lui-même*
fur l’autel. Alors le martre de l’ordre Teutonique fe
leva 5c fit un long difcours, premièrement en Allemand
, puis en François : adreffantla parole à la no-
blefle 5c au peuple, où il loiia l’empereur 5c fe plaignit
des eoclefiaftiques. Il finit en invitantles nobles
à contribuer aux fortifications delà ville ;;5c i’empe-
L i v r e s o i x a n t e -d i x - n e u v i e ’ m e . <?5P
reur fit recevoir par des feculiers les o I blations du faint A # ! 2, 2m f •
fepulcre 5c des autres églifcs , pour être employées
aux mêmes ouvrages. Mais il partit de Jerufalem
dès le lendemain matin, 5c retourna promptement à
Acre , fans avoir donné ordre à ces fortifications.
Pendant les deux jours qu’il fut à Jerufalem il écrivit
des lettres triomphantes pour remercier Dieu de
l’heureux fuccès qu’il avoit donné à fon voyage , ÔC
relever en paroles magnifiques l’avantage qu’il avoit
procuré aux Chrétiens de rentrer dans la fainte cité.
Nous avons deux de ces lettres , l’une au pape Grégoire
, qui ne contient que des difcours généraux ; Ap
l’autre au roi d’Angleterre Henri, qui entre plus dans ¿t- m. Fuis.
le détail ; 5c on peut juger que l’empereur écrivit de
même à d’autres princes.
Mais le patriarche de Jerufalem écrivit fur le même x l v i i i .
fujet deux lettres d’un ftile bien différent, l’une au trureiwie S|Ë
pape, l’autre à tous les fideles. Dans la lettre au pape contreFnil
releve tous les défavantages que les Chrétiens ont Ap.Rùn.x. 5.
reçus depuis l’arrivée de l’empereur, ôc interprète en
mauvaife parc toutes fes démarches. Il lui fait un crime
d’avoir reçu du fultan des femmes qui chantoient
ôc danfoient pendant les repas : comme fi ç’eût été
trahir fa religion , en imitant les moeurs des Sarafins.
Il fe plaint du fecret qu’il a affeéfé dans la négociation
pour la trêve, méprifant les avis des prélats ôc des
feigneurs -, 5c releve fa retraite précipitée avant que
d’avoir donné les ordres pour fortifier Jerufalem. Le
patriarche joignoit à cette lettre les articles du traité
traduits d’Arabe en François, tels que je les ai rapor-
tez, iur chacun defquels il fait des obfervations pour
en montrer les défauts. En voici la fubftance.
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